Le Moyen-âge était-il collectiviste?


Il se dit ci et là que le Moyen-âge était "collectiviste" et que donc la Renaissance n'est autre qu'une évolution naturelle vers l'individualisme...

Que traditions et appartenances collectives aient lourdement pesé sur cette époque n'est guère contestable mais de là à appeler cela "collectivisme" est pour le moins cavalier d'autant que l'individualisme le plus débridé régnait dans la classe dominante.

Il ne pourrait éventuellement être perçu de collectivisme moyenâgeux que dans la construction des cathédrales quand les corps de métier y apportaient leur savoir bénévolement un moment de la journée ou de la semaine. Il serait même concevable de prendre le mot "collectivisme" au sens large, non seulement au sens de collectivisation des moyens de production mais également de collectivisation des « esprits ».


Dans son essai sur la Renaissance en Italie (1860), l'historien Jacob Burckhardt prétendait que « l'homme [du Moyen-âge] ne se connaissait que comme race, peuple, parti, corporation, famille, ou sous toute autre forme générale et collective ». Autant dire qu'il n'y avait, au Moyen-âge, point d'individu au sens moderne du terme.



Il  faut effectivement bien distinguer le sens donné au concept de collectivisme à notre époque, et, rétrospectivement, au Moyen-Âge, où une hiérarchie organique était de mise, qui se manifestait par l'attache des uns aux autres par leurs inégalités de nature, et la dépendance d'inférieur à supérieur qui en résultait à tous les niveaux. La hiérarchie organique supposait l'appartenance, c'est-à-dire l'union des êtres dans une communauté, dans la prévalence de celle-ci : je suis quelque chose à travers mon appartenance à la communauté. En ce sens, le collectivisme médiéval est effectivement en contraste total avec les catégories du droit libéral moderne, qui ne connaît que des individus autonomes. Mais la distribution des ressources au Moyen-Âge étant fortement inégalitaire, on ne peut évidemment parler de collectivisme économique.


Le communisme, à notre époque, est collectiviste lui aussi, mais il y a métamorphose du sens de ce terme puisque l'unité collective ne passe plus par une hiérarchie dite naturelle mais par la propriété collective des moyens de production.

Par ailleurs, une deuxième différence majeure entre collectivisme médiéval et collectivisme moderne de type marxiste, c'est que le second aspire à une société en possession du savoir d'elle-même, une société à la fois consciente et rationnelle, alors que dans le premier, la structure du pouvoir descend d'en haut, elle précède et domine la société au nom d'une légitimité religieuse, autrement dit la structure du pouvoir est hétéronome, déterminée d'avant et du dessus, elle échappe aux individus.


En somme il serait plus juste, concernant le Moyen-âge, de parler de communautarisme que de collectivisme. Si tous deux donnent plus d'importance à la collectivité qu'à l'individu, le premier limite cette collectivité à un sous-ensemble social tandis que le second l'élargit à l'universel. De plus les valeurs servant de référence au premier sont essentiellement traditionnelles, construites sur un passé mythique, alors que celles du second projettent sur l'avenir et de façon rationnelle. Bien que se projeter vers l'avenir comporte quand même une part de rêve dans le rationnel. Mais qu'est-ce que le rationnel sans cette part d'utopie qu'Anatole France considérait à juste titre comme principe de tout progrès ?... Universalité et rationalité ne sont-elles pas justement les raisons de la Renaissance, des Lumières, de la modernité ?... 


Endeumo:

Non fondé sur l'émancipation rationnelle égalitaire, le Moyen-âge n'est pas collectiviste mais communautariste, bâti sur l'appartenance des individus à des catégories issues d'une hiérarchie dite naturelle.

février 2012
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Durée du travail au Moyen Age:
la semaine de 35 heures ?
(Source: Ça M'intéresse)


Nos ancêtres n’étaient pas les brutes de travail qu’on imagine. Autour de l’an 1000 ils se prenaient 190 jours de congés par an. Les fêtes de villages, les fêtes des saints locaux, les fêtes des corporations : ça n’arrêtait pas. Bref, on travaillait moins d’un jour sur deux.

Même les paysans ne trimaient pas à longueur d’année. L’été oui, du lever au coucher du soleil ; mais dès les premiers frimas, c’est... tranquille au coin du feu, on bricole à droite à gauche, mais on ne met plus les pieds au champ.

En ville même topo : dès que le soleil se couche, on ferme la boutique. La loi interdisait de travailler à la lueur des bougies, à cause des risques d’incendie. Bref, il n’est jamais question de travailler plus pour gagner plus.