Copernic, Darwin, Freud, trois blessures narcissiques que certains ont peine à cicatriser. Comment percevront-ils donc la 4ème ?...
OK pour la terre qui tourne autour du soleil, après tout!... L'homme descendant du singe, voila qui est déjà plus contrariant, d'autant qu'il n'en est pas un descendant, il en est un. Enfin l'homme régit inconsciemment par de bestiales pulsions, là ça devient franchement gênant!
Mais de toute façon, s'il est animal, l'homme a une conscience lui, un ego, une volonté... Et bien voilà qu'il semble bien que l'animal aussi ! Qu'il ne se contente pas d'évoluer stupidement au hasard de stimuli épars mais qu'il a aussi une conscience, un ego, une volonté et même… une culture.
Remarquablement développée par Dominique Lestel en 2001 dans son ouvrage « L’Origine Animale de la Culture » cette thèse est à la fois réaliste et déterminante. Nous partageons en effet avec les animaux des séquences génétiques fort semblables qui, selon la sociobiologie, induisent des comportements inconscients comparables, comportements qui eux-mêmes servent de substrat aux constructions culturelles. Des exemples?
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- Sur la morale : Pour De Waal, le régime carnivore est un catalyseur de l'apparition de la morale en ce sens qu'il favorise le partage et que la démarche égalitaire est l'une des conditions nécessaires à l'apparition de la morale. Celle-ci émerge à travers l'apparition d'un soucis de la communauté que De Waal définit comme "le principe par lequel chaque individu promeut des caractéristiques de sa communauté ou de son groupe, dans la mesure où elles accroissent les bénéfices que cet individu et sa parentèle retirent d'en être membre". Pour lui, les chimpanzés connaissent le sentiment d'indignation et ils pratiquent ce qu'il appelle des agressions moralisatrices.
- Sur l'art: Thomas Sebeok suggère une analogie, en considérant l'art comme une espèce de moyen cybernétique par lequel l'animal tiendrait son milieu intérieur en équilibre avec son milieu extérieur. En ce sens homéostatique (homéostasie: Physiol. Tendance des organismes vivants à maintenir constants leurs paramètres biologiques face aux modifications du milieu extérieur) l'art existe chez d'autres systèmes biologiques que l'homme; mais est-on encore vraiment dans l'esthétique?
- Sur la culture: Dominique Lestel estime que le reproche que l'on peut faire aux comparaisons entre les chimpanzés et certaines tribus primitives c'est surtout de n'être guidées par aucun principe directeur charpenté qui en structure le déroulement. Pourquoi? Peut-être parce nous ne savons tout simplement pas ce qu'est une culture, et que nous devons reprendre la question à la base, sans postuler d'emblée que nous savons déjà de quoi il en retourne.
Ah si certains philosophes étaient aussi perspicaces que ces éthologues !....
février 2012
extraits
19- L’éthologie est confrontée à deux défis majeurs : penser l’intelligence du non-humain sans la ramener malgré tout à un référentiel humain, et penser le social sans exiger de lui qu’il s’appuie sur le langage.
55- Le rituel est un phénomène par lequel la différence entre société animale et culture humaine a été beaucoup discutée dans les années 40 à 70. Il est alors perçu plus ou moins consciemment comme l’un des comportements les plus complexes de l’animal et l’un des plus « animaux » de l’homme.
56- C’est une idée profondément ancrée chez certains éthologues et chez certains anthropologues que l’origine de l’art se trouve dans les procédures de ritualisation de comportements animaux. On trouve cette idée chez sir Maurice Bowra, par exemple, lorsqu’il écrit qu’ « aussi loin que nous puissions remonter dans le temps, nous trouvons des danseurs qui imitent les créatures vivantes ».
107- Christophe Boesch (1990) : Pour être considérées comme « culturelles », les variations comportementales (…) ne doivent être explicables ni par des déterminismes génétiques ni par des déterminations environnementales. La capacité d’innovation et des mécanismes de transmissions des comportements acquis s’ajoutent à ces conditions. Eux seuls permettent d’assurer une fidélité de transmission, indispensable pour garantir l’existence d’une culture.
108- Des normes sociales sont requises dans l’élaboration d’un comportement culturel. La culture ne requiert pas seulement un processus d’apprentissage social pour produire une transmission crédible de l’information, mais également un mécanisme qui garantisse la permanence de l’information entre les événements de transmission. Plus généralement, Boesch considère que trois mécanismes de transmission de l’information sont susceptibles de conduire à des comportements culturels : l’imitation, l’enseignement et l’apprentissage ; enfin, la canalisation sociale.
Kroeber (1928) : Six conditions sont requises pour parler de culture : des comportements nouveaux doivent émerger, ils doivent être disséminés dans le groupe à partir de l’inventeur, être standardisés, durer et être diffusés par l’intermédiaire d’authentiques traditions.
109- (…) deux contraintes supplémentaires (…) : les comportements pris en compte doivent être tournés vers d’autres activités que celle de la subsistance et ils doivent être vraiment naturels.
148- Ce qu’on peut reprocher à ces comparaisons (entre les chimpanzés et certaines tribus primitives) c’est surtout de n’être guidées par aucun principe directeur charpenté qui en structure le déroulement. Pourquoi ? Peut-être parce que nous ne savons tout simplement pas ce qu’est une culture, et que nous devons reprendre la question à la base, sans postuler d’emblée que nous savons déjà de quoi il en retourne.
149- Il est intéressant de noter que les critiques les plus virulentes contre l’idée de cultures animales sont venues des psychologues, et non des éthologues qui ont globalement ignoré ces nouveaux développements. Le pivot des ces critiques est celui de l’imitation…
156- L’imitation n’opère que dans un sens, l’enseignement dans deux.
157- Les cultures humaines sont fondées sur des mécanismes d’apprentissage, d’enseignement et d’imitation qui sont propres aux humains, …
161- Les éthologues appuient leurs travaux sur une conception de la culture qui tourne autour de quelques notions clefs : celle de variations comportementales entre groupes sauvages qui ne peuvent être expliquées ni par l’écologie de ces groupes ni par leur génétique, celle d’imitation ou celle de tradition – plus largement celle d’apprentissage sociale. D’autres notions, comme celles de jeu ou d’esthétique, ne sont pas discutées dans cette perspective. La nature des communications entre membres du groupe n’est jamais réellement prise en compte. Des phénomènes comme celui de l’interaction avec d’autres espèces ou celui de la gestion de la violence sont discutés ailleurs. Comparer les sociétés animales et les sociétés humaines s’appuie sur la conviction que l’on sait clairement de quoi on parle ; est-ce vraiment le cas ?
Existe-t-il une différence de degré et non de nature, entre les comportements de l’homme et ceux du chimpanzé ? (…) Que signifie la notion de degré ici ? L’homme lit. Le chimpanzé lit-il moins ? (…) Il existe de nombreuses postures intellectuelles dans ces débats qui n’ont d’autre intérêt que la situation de leur producteur dans un espace professionnel. (…)
Deux positions sont tout particulièrement difficile à tenir. La première stipule que les cultures humaines sont, par nature, différentes des cultures animales. La deuxième considère qu’il existe seulement des différences de degré entre elles. Une troisième thèse, plus réaliste à mes yeux défend l’idée quelles ont une origine commune, mais qu’elles sont séparées par des différences intrinsèques de même nature que celles qui séparent une société de fourmis et une société de chimpanzés. Les différences entre les deux types de culture appartiennent à une même logique évolutionniste mais elles ont des caractéristiques radicalement étrangères les unes aux autres. Rien ne justifie d’attribuer aux cultures humaines un statut spécial, alors qu’un statut particulier est largement suffisant. Autrement dit l’irréductibilité des cultures humaines aux cultures animales est la seule position qui soit satisfaisante en toute rigueur mais cette reconnaissance des particularités des cultures humaines ne justifie aucunement leur « sortie » des procédures suivies par l’Evolution naturelle. Il est donc possible de renvoyer dos à dos ceux pour qui il n’existe que des différences de degré et non de nature entre cultures humaines et cultures animales et la position de l’anthropologue Kroeber pour qui un fossé infranchissable sépare les unes des autres. Le fond du problème réside bien plutôt dans l’extrême difficulté que nous avons à penser la diversité du vivant et dans notre propension à transformer une différence de nature à l’intérieur du vivant en différence de nature en dehors du vivant. L’homme n’est pas sorti de l’état de nature mais il en a exploré avec succès une niche extrême au même titre que la faune des profondeurs sulfurées de l’océan.
179- Quatre notes de base ayant été isolées, A, B, C et D, [des éthologues étudiant la mésange à tête noire] se rendent compte (…) que A est toujours suivi de la note D et que l’appel commence par B suivi de C, elle même suivie par D. La répétition de ces notes s’effectue de nombreuses fois mais c’est le silence qui suit impérativement D. ( soit A – D / et appel B – C – D / )
185- lorsqu’un oiseau adulte imite un oisillon pour s’attirer les faveurs d’un congénère, il emprunte une métaphore aux relations parents-enfants.
194- Les résultats du UCLA Phonological Segment Inventory Data Base montrent que les langages humains utilisent 558 consonnes, 260 voyelles et 51 diphtongues, mais qu’aucune langue ne les utilise toutes.
203- La fonction du jeu reste l’une des grandes énigmes du comportement animal [selon Tim Caro]. Trois catégories d’hypothèses sont pourtant disponibles :
1) le jeu est un mécanisme qui permet aux jeunes de développer certaines aptitudes comme le combat ou la capture de proies,
2) le jeu établit un lien social et de communication,
3) le jeu augmente les capacités cognitives et innovatrices de l’animal.
[Définition du jeu par Caro] « On appelle jeu toute activité locomotrice accomplie après la naissance, qui semble, aux yeux d’un observateur, n’apporter aucun bénéfice immédiat évident au joueur et dans laquelle des séquences motrices ressemblant à celles utilisées dans des contextes fonctionnels sérieux peuvent être mises en œuvre sous une forme différente. »
L’exagération des mouvements, la répétition, la fragmentation ou la désorganisation des séquences constituent des caractéristiques centrales du comportement ludique.
223- [Selon Thomas Sebeok, zoosémoticien,] 4 sphères sémiotiques reçoivent un traitement privilégié chez l’animal : la sphère des signes kinesthésiques (mouvements), la sphère des signes musicaux (…), la sphère des signes picturaux et enfin des signes architecturaux.
224- (…) ce sont les émotions qui conduisent les hommes et les oiseaux à danser.
228- Rensh estime que nos sentiments esthétiques sont attribuables à 3 conditions fondamentales : la symétrie, la répétition en rythme et la consistance des courbes.
230- Rensh formule explicitement la question des relations entre le comportement artistiques des primates et le jeu en notant que le jeu est un comportement protoculturel et que son analyse apporte des éléments intéressants pour comprendre les origines de l’art chez l’homme.
230- Thomas Sebeok suggère une analogie, en considérant l’art comme une espèce de moyen cybernétique par lequel l’animal tiendrait son milieu intérieur en équilibre avec son milieu extérieur. En ce sens homéostatique [1], l’art existe chez d’autres systèmes biologiques que l’homme ; mais est-on encore vraiment dans l’esthétique ?
231- La beauté de certains oiseaux ravit Darwin et Wallace (…) qui posent ainsi la question de la sélection sexuelle à laquelle chacun des deux naturalistes apportent une réponse différente.
Darwin propose une réponse esthétique : il estime que les femelles sont sensibles à la beauté des mâles, que le plus beau en séduit davantage et qu’il se reproduit donc plus (…).
Wallace adopte un point de vue sémiotique : il considère que les femelles perçoivent avant tout des signes qui renvoient à la santé du mâle (…). Un beau mâle est un mâle robuste qui aura une descendance vigoureuse.
(Une troisième interprétation ne se basant plus sur une rationalité instrumentale mais plutôt sur une rationalité expressive est ici proposée en présentant l’animal comme sujet et non plus comme objet)
232- Le philosophe norvégien Jon Elster fait appel à cette rationalité expressive, au moins implicitement, quand il écrit « Je ne veux pas dire que (l’artiste) prend ses décisions en appliquant des critères de valeur conscients, mais plutôt que de tels critères (dont je suppose l’existence) peuvent être reconstruits en observant la pratique des artistes […]. Je pense que la création artistique est un processus de maximisation avec des contraintes, et que les bonnes œuvres d’art représentent des maximums locaux de cette chose, quelle qu’elle soit, que les artistes maximisent. […] Je soutiendrai que la pratique artistique ne peut être comprise que si l’on fait l’hypothèse qu’il existe quelque chose que les artistes essaient de maximiser en cherchant à « trouver l’expression juste » et que, en ce sens, le comportement artistique est un cas d’action rationnelle. »
244- La biologie doit délaisser la recherche de causalité au profit de celle de la signification qui acquiert ainsi un statut de fil conducteur pour comprendre l’animal. À ce titre la tige d’une fleur sert d’exemple à von Uexküll. Selon le milieu elle joue le rôle de chemin, elle est décorative, elle acquiert une fonction utilitaire en devenant une pompe ou elle reste purement alimentaire. Suivant l’animal, une même tige de fleur revêt une signification différente. La signification joue un rôle central dans la compréhension de l’animal, et sa recherche doit l’emporter sur toutes les autres. La question de la signification est la question essentielle pour comprendre l’être vivant. La recherche des déterminations causales ne doit venir qu’en second lieu, et elles restent de toute façon extrêmement limitées.
246- Le milieu n’est assimilable ni à l’espace ni au territoire. Ce dernier est déjà une création subjective de l’animal.
249- Buytendijk renvoie dos à dos la conception théiste de l’animal, selon laquelle ce dernier est une machine construite par un ingénieur divin et la conception athée de l’animal comme machine qui s’est montée elle-même au cours d’un processus de sélection naturelle. Les organismes ne sont pas des machines, et l’organisme le plus « parfait » ne représente pas l’aboutissement de l’Evolution.
« (…) le monde organique est chargé d’une valeur démonstrative qui fait le prix de son être même. Ce qui constitue ce qu’il est, c’est la richesse, le luxe. » [2]
262- ( Selon Adolf Portmann …) l’homme et l’animal ont au moins un point commun : la même exigence d’avoir à paraître. Le mode de compréhension des formes organiques est trop étroit quand on se restreint à une conception strictement adaptative et utilitariste. Pourquoi les ailes de papillons et les robes des différentes espèces de zèbres ont-elles ces superbes motifs que l’homme peut réellement admirer ? …
Portmann propose une autre conception de l’organisme dans laquelle l’apparence extérieure (parures et dessins) joue un rôle aussi essentiel que le développement des organes comme le cœur ou le cerveau pour comprendre le développement de l’animal
266- Qu’il s’agisse de polypes, de méduses de divers petits crustacés, de puces d’eau de certains rotifères ou des vers transparents qui hantent la haute mer, ces animaux sont totalement symétriques, et ce sont les seuls a avoir cette étonnante propriété. Tous sont très primitifs. L’animal s’opacifie en même temps qu’il se complexifie.
(…) Les taches du corps elles-mêmes sont régulières, sauf pour les animaux domestiques. Portmann constate que ces règles de symétrie ne s’appliquent qu’aux parties visibles du corps. Les viscères ne suivent aucun plan de cette élégance. Il faut perdre l’une de nos mauvaises habitudes : le plus important n’est pas ce qui nous est caché…
267- Le zoologiste suisse plaide pour une « phanérologie », ce qui signifie qu’une authentique science des apparences doit constituer une partie importante de la morphologie. Dans cette perspective Portmann cherche des règles qui font de la forme un objet de contemplation et il en isole deux. Le mode de formation signalétique et le mode de formation cryptique. Le premier capte l’attention à la façon d’un signal. Ces structures animales sont faites pour être vues. Elles recourent à des couleurs qui sont absentes de l’environnement dans lequel évolue l’animal. Ainsi le gris le brun et le vert sont très rares, au contraire du blanc du noir, du rouge, du bleu ou du jaune. Il rapproche (ces motifs signalétiques) des bannières et des blasons du temps jadis. Il évoque ainsi le principe du panneton en établissant une analogie entre l’adaptation de la clef et de la serrure d’une part, et l’organe nerveux récepteur et la forme visible héritée d’autre part. Il poursuit l’analogie en expliquant que, de même que la clef provoque divers mouvements du pêne, ces bariolages déclenchent des réactions diverses.
Les formations cryptiques visent au contraire à rendre le corps invisible…
271- Les ailes de certains papillons sont littéralement superbes. Cette appréciation esthétique est sans doute propre à l’homme ; en quoi importe-t-elle à l’animal ? En rien, bien sûr, d’un point de vue esthétique.
Mais si ce que nous interprétons d’un point de vue esthétique est peut-être trop fort, l’interprétation causale du biologiste est au contraire trop faible. Existe-t-il une voie médiane ? Oui. C’est celle de la sémiotique. Sans être esthétique en soi, les parures du papillon peuvent faire sens pour lui, puisqu’il les voit, ou pour un autre animal qui les voit aussi…
272- Il est parfaitement possible, d’un strict point de vue darwinien, d’imaginer que des caractéristiques naturelles de la parure de l’animal soient utilisées comme signes, et acquièrent un réel pouvoir adaptatif, sans avoir jamais été conçues ainsi par quiconque.
276-280 : Non assujetti à la matière qui le compose, l’organisme n’est pourtant composé de rien d’autre.
Une particularité des organismes est donc d’être leur propre ouvrage.
Chaque organisme prend conscience pour lui-même, à travers l’intérêt fondamental qu’il éprouve à protéger son existence et à la prolonger.
285- Un panvitalisme primitif donnait une explication de la vie. La mort récurrente était plus difficile à accepter. Déniant la vérité du vivant, elle devait être déniée elle-même. La croyance en une vie après la mort et les rituels funéraires découlent de ce malaise.
290- La culture est l’individuation par le collectif. Elle est en d’autres termes l’optimisation des stratégies de différenciation.
291- Les extraordinaires couleurs de certains papillons ne sont ni plus ni moins difficiles à expliquer que les communications vocales de certains oiseaux ou de certains mammifères marins…
295- La culture est le « monde » des organismes supérieurs, et ces mondes dépendent autant des questions des sens que des représentations de chacun et des gradients de liberté de l’organisme dans les espaces dans lesquels il évolue.
306- L’animal est-il une machine ou un sujet ? L’animal-objet est l’animal machine des cartésiens ou des béhavioristes. Cet animal est sans conscience ni histoire, sans ego ni volonté. Il est littéralement jeté dans le cours du monde où il évolue au gré des stimuli rencontrés. L’animal-sujet est son contraire, puisqu’il possède une subjectivité.
318- De Waal met en évidence la générosité rare des mâles supérieurs ; et il estime qu’une telle attitude constitue un authentique comportement politique. (…)
Chez les bonobos, sexe et pouvoir sont deux concepts jumeaux.
321- Pour De Waal, le régime carnivore est un catalyseur de l’apparition de la morale, en ce sens qu’il favorise le partage, et que la démarche égalitaire est l’une des conditions nécessaires à l’apparition de la morale. Celle-ci émerge à travers l’apparition d’un souci de la communauté, que De Waal définit comme « le principe par lequel chaque individu promeut des caractéristiques de sa communauté ou de son groupe, dans la mesure où elles accroissent les bénéfices que cet individu et sa parentèle retirent d’en être membre *». Pour lui, les chimpanzés connaissent le sentiment d’indignation et ils pratiquent ce qu’il appelle des agressions moralisatrices.
323- La distinction entre l’animal et l’homme ne se superpose pas à la distinction nature/culture, comme on l’a cru pendant longtemps. L’homme aussi bien que l’animal évoluent à l’interface de la nature et de la culture. (…)
(…) l’homme est un animal particulier qui se pense comme un animal spécial. (…) Une telle démarche s’oppose naturellement aux mouvements anglo-saxons qui naturalisent totalement l’humain. (…) Il est (…) essentiel de ne pas se laisser tenter par une option naturaliste trop aisée à adopter mais rapidement stérile.
Ben quoi? Dans 'culture' il y a bien... |
L’histoire naturelle de la culture (…) s’inscrit dans une histoire qui la dépasse et la rend compréhensible, celle de la signification, dont les prémisses apparaissent dès les débuts du vivant.
Endeumo:
"Rien ne justifie d’attribuer aux cultures humaines un statut spécial, alors qu’un statut particulier est largement suffisant."
Endeumo:
"Rien ne justifie d’attribuer aux cultures humaines un statut spécial, alors qu’un statut particulier est largement suffisant."
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[1] homéostasie Physiol. Tendance des organismes vivants à maintenir constants leurs paramètres biologiques face aux modifications du milieu extérieur.
[2] E. Buytendijk, Traité de psychologie animale, PUF, 1952, p. 6.
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L’évolution particulière de sapiens
en comparaison avec son cousin le chimpanzé
Par Alain Prochiantz de l’Académie des sciences, dans le cadre du colloque Naissance, émergence et manifestations de la conscience (2/6)
Alain Prochiantz : « Nous possédons les mêmes gènes qu’eux, mais ce qui change considérablement la donne, c’est le moment où ils s’expriment, le niveau auxquels ils s’expriment et le temps pendant lequel ils s’expriment. Ce sont des régions régulatrices qui font qu’il y a eu une « sortie de la nature » de sapiens. Nous sommes a-natures par nature avec nos 400 cm3 (de cerveau) de « trop ».
Bien que tournant résolument le dos à la spécificité créationniste de l'être humain, Mr Prochiantz verse ici dans une spécificité tout aussi catégorique: celle de la neurologie...