L'escrocrise

Le capital est en crise? Pensez-vous!...
Dans la vie, il y a des hauts et il y a des bas. Pour le capitalisme c’est pareil, il est cyclique et nombre d'économistes, tels  Nicolas Kondratieff ou Clément Juglaront théorisé le phénomène en mettant en évidence des cycles économiques relativement réguliers... et prévisibles. 

Très schématiquement ces cycles comportent une phase ascendante de forts investissements, imposés par la concurrence, entraînant la hausse des prix comme des taux d’intérêt et une phase descendante où les prix baissent suite à l’excès de l’offre par rapport à la demande et où les taux d’intérêt diminuent. Dans la première phase le profit se nourrit de la production mais il ne le peut plus guère dans la seconde où il se réfugie dans la finance et la spéculation. Tout porte à croire que nous soyons en plein dans cette seconde phase aujourd’hui… 

Il va de soi que les principaux acteurs du système, la classe dominante et ses laquais, sont parfaitement au courant de ces fluctuations et qu’ils les ont soigneusement intégrées dans leurs stratégies. Il est tout aussi évident qu’ils n’ont pu ignorer le phénomène des trente glorieuses et la phase de déclin qui s’ensuivit. Ainsi n’était-il pas sorcier pour eux de prévoir la crise que nous traversons actuellement et d’en tirer profit puisque tel est l’exercice imposé de leur idéologie. 

Admettant sagement qu’il soit préférable de faire tomber l’arbre du côté où il penche ils ont accompagné le déclin de l’économie réelle en octroyant toute priorité à l’actionnariat, au secteur de la finance au dépend de l’emploi, avec pour outils principaux les restructurations-délocalisations du tissu industriel, facteur d'appauvrissement des pays industrialisé et, bien entendu, les dettes souveraines qui permettent le transfert de sommes colossales du public vers le privé.


La crise était donc prévue et est gérée au mieux des intérêts de la grande bourgeoisie. Cette dernière use ainsi de ses propres lacunes pour décupler ses profits tout en cassant les progrès sociaux qui nuisent à ses affaires.


Et puis, ne l'oublions pas, il y a aussi le vol pur et simple → l'évasion fiscale. Pour cela point n'est besoin de grandes théories économiques, la mise en place de circuits et la création de sociétés écran suffit.


novembre 2012


Qui dit la crise dit la dette...

Thomas Guénolé: 
ANTISOCIAL - La Guerre Sociale est déclarée. (mars 2018)
Notre modèle social est en cours de destruction et tout est fait pour vous empêcher de réagir.






Dette publique et loi Rothschild: le silence des médias. (11/2011)

On parle beaucoup de crise et de dette en ce moment, mais de quelle manière ? Le journaliste Olivier Bonnet reproche aux médias de relayer la théorie libérale, sans s'interroger sur des étapes fondamentales comme celle de la loi Pompidou-Giscard en 1973.

C'est le point aveugle du débat : la dette publique est une escroquerie ! En cause, la loi Pompidou-Giscard de 1973 sur la Banque de France, dite "loi Rothschild", du nom de la banque dont était issu le président français, étendue et confortée ensuite au niveau de l'Union européenne par les traités de Maastricht (article 104) et Lisbonne (article 123).


D'une seule phrase découle l'absolue spoliation dont est victime 99% de la population : "Le Trésor public ne peut être présentateur de ses propres effets à l’escompte de la banque de France".

Contraint d'emprunter aux banques privées

En clair et pour faire simple, la Banque de France a désormais interdiction de faire crédit à l’État, le condamnant à se financer en empruntant, contre intérêts, aux banques privées, au lieu de continuer à emprunter sans intérêt auprès de la banque de France qui lui appartient. Depuis l'application de ce principe, la finance et son infime oligarchie donnent la pleine mesure de leur asservissement des peuples, en une spirale exponentielle d'accroissement des inégalités.

Le pouvoir est désormais aux mains des créanciers privés, qui l'exercent au bénéfice exclusif d'intérêts particuliers, quand la puissance publique a renoncé à son devoir de protéger l'intérêt général. La démocratie, étymologiquement pouvoir du peuple, est morte. On le voit en Grèce, en Irlande, au Portugal, en Espagne, en Italie, en France...

Qui gouverne ? "La troïka" - Union européenne, Fonds monétaire international et Banque centrale européenne - resserrant toujours davantage son emprise jusqu'à l'étranglement des peuples. Et l'on pérore sans fin sur les plateaux de télévisions, sur les ondes et dans les colonnes de la presse sur "l'insupportable fardeau de la dette", "la France en faillite", "les nécessaires sacrifices", que "nous ne pouvons pas continuer à vivre au-dessus de nos moyens" et que, d'ailleurs, "les Français l'ont compris".

Silence médiatique

Inlassable propagande des conservateurs-libéraux ? Bien sûr, mais relayée par le silence complice des médias. Et c'est ainsi que s'imposent dans l'opinion les apparentes évidences biaisées qui prétendent l'austérité inéluctable, contre la justice et l'intelligence. Deux ans d'austérité en Grèce déjà, pour quel résultat ?

Avec toujours la même justification simpliste et manipulatrice, résumée par la question posée par un journaliste d'Europe 1 à Jean-Luc Mélenchon, candidat du Front de gauche à la présidentielle : "Mais comment des pays européens endettés peuvent-ils faire autrement pour réduire leurs déficits ?"

Un graphique pour illustrer le propos, qui montre l'hallucinante évolution de la courbe de la dette publique.



"Ainsi, entre 1980 et 2008, la dette a augmenté de 1088 milliards d’euros et nous avons payé 1306 milliards d’euros d’intérêts", résume Mai68.org. Faisons la soustraction : sans les intérêts illégitimes encaissés par les banksters financiers privés, la dette publique française se serait élevée, fin 2008, à 21,4 milliards d'euros - au lieu de 1327,1 milliards ! Un escroc peut-il rêver pareil butin ? Et personne ne dénonce jamais ce scandale absolu ! A part Mélenchon et l'extrême droite - qui ne le fait que par opportunisme, étant entendu qu'elle a toujours été au service zélé du capitalisme libéral et ne remettra donc jamais en cause son empire...

Mais les éminents confrères ? Les Calvi, Barbier, Demorand, Joffrin, Apathie, Bourdin, Pujadas ou qui savons-nous encore ? Ceci ressemble bien à une omerta. Et à une honteuse trahison de leur mission d'informer.

Olivier Bonnet
Journaliste engagé

Article initialement publié sur plumedepresse.
Voir aussi, sur le même sujet, le projet de documentaire du mensuel Regards, L'arnaque du siècle.