La guerre menée par les États-Unis contre le groupe armé État Islamique n'est que supercherie. Pourchasser les terroristes islamiques, mener une guerre préventive dans le monde entier pour « protéger la patrie étasunienne » ne sont que prétextes visant à justifier une campagne militaire de grande envergure.
L’État Islamique en Irak et au Levant (EIIL) est de toute évidence une création du renseignement étasunien et le programme de « lutte contre le terrorisme » de Washington, en Irak et en Syrie, consiste en réalité à créer le chaos.
L’incursion des brigades du groupe État Islamique (EI) en Irak ayant débuté en juin 2014 faisait partie d’une opération militaire soigneusement planifiée et soutenue par les États-Unis, l’OTAN et Israël. Les US sont le commanditaire number one de ce terrorisme d’État qu’ils protègent avec leurs alliés. S’ils avaient voulu éliminer les brigades de l’État islamique, ils auraient aisément pu bombarder leur convoi de camionnettes Toyota lorsque celui-ci a traversé le désert entre la Syrie et l’Irak en juin. Cette traversée s’est déroulée complètement à découvert et, d’un point de vue militaire, elle aurait pu être stoppée efficacement, rapidement et sans la moindre victime collatérale par l'aviation. Un seul appareil y aurait même suffit.
LES ORIGINES HISTORIQUES D’AL-QAÏDA
Les États-Unis appuient Al-Qaïda et ses organisations affiliées depuis presque un demi-siècle, depuis le début de la guerre soviéto-afghane. Des camps d’entraînement de la CIA ont été mis en place au Pakistan. Entre 1982 et 1992, la CIA a recruté quelque 35 000 djihadistes venus de 43 pays musulmans pour faire le djihad en Afghanistan. Payées par des fonds de la CIA, des annonces publicitaires incitant à se joindre au djihad ont été placées dans les journaux et bulletins d’information à travers le monde. Washington fourni en armes le réseau terroriste islamique depuis l’administration Reagan, ce dernier poussant le cynisme (ou l’inconscience) jusqu’à appeler les terroristes « combattants de la liberté ». C’était pour « une bonne cause » : la lutte contre l’Union soviétique et un changement de régime ayant mené à la disparition d’un gouvernement laïc en Afghanistan.
Des manuels djihadistes ont été publiés par l’Université du Nebraska, les États-Unis ont dépensé des millions de dollars pour fournir aux écoliers afghans des manuels remplis d’images violentes et d’enseignements islamiques militants. Oussama ben Laden, « démon » (Bogeyman) des États-Unis et fondateur d’Al-Qaïda a été recruté par la CIA en 1979, dès le début du djihad afghan appuyé par les États-Unis. Il avait 22 ans et a été formé dans un camp d’entraînement de guérilla soutenu par la CIA. Il n’était en rien derrière les attaques du 11 septembre, celles-ci n'ayant servi qu'à justifier la guerre contre l’Afghanistan et l’Irak et à concocter la « guerre mondiale au terrorisme » (Global War on Terrorism)
Ronald Reagan s'entretient avec des moudjahidins afghans à la Maison Blanche en 1985 (Reagan archives) |
Des manuels djihadistes ont été publiés par l’Université du Nebraska, les États-Unis ont dépensé des millions de dollars pour fournir aux écoliers afghans des manuels remplis d’images violentes et d’enseignements islamiques militants. Oussama ben Laden, « démon » (Bogeyman) des États-Unis et fondateur d’Al-Qaïda a été recruté par la CIA en 1979, dès le début du djihad afghan appuyé par les États-Unis. Il avait 22 ans et a été formé dans un camp d’entraînement de guérilla soutenu par la CIA. Il n’était en rien derrière les attaques du 11 septembre, celles-ci n'ayant servi qu'à justifier la guerre contre l’Afghanistan et l’Irak et à concocter la « guerre mondiale au terrorisme » (Global War on Terrorism)
L’ÉTAT ISLAMIQUE
Le groupe État islamique (EI) est, à l’origine, une entité liée à Al-Qaïda et créée par le renseignement étasunien avec le soutien du MI6 britannique, du Mossad israélien, de l’Inter-Services Intelligence (ISI) pakistanais et du General Intelligence Presidency (GIP) saoudien, Ri’āsat Al-Istikhbarat Al-’Āmah (رئاسة الاستخبارات العامة). Ses brigades ont participé à l’insurrection en Syrie contre le gouvernement de Bachar Al-Assad, insurrection initiée par les États-Unis et l’OTAN. Selon Roland Dumas, la déstabilisation de la Syrie était dans les cartons anglo-saxons bien avant le déclenchement des événements en mars 2011.
"Je me trouvais à Londres pour d’autres affaires que la Syrie. Il n’était pas encore question de la Syrie sur la scène internationale, j’y étais pour des affaires commerciales, banales, et les interlocuteurs avec lesquels j’avais affaire, qui étaient des Anglais authentiques, un jour m’ont demandé si j’acceptais de rencontrer des Syriens. J’ai trouvé la question un peu insolite et j’ai voulu en savoir davantage. Je leur ai demandé qui étaient ces Syriens. C’est alors qu’ils m’ont révélé tout de go, sans précautions, qu’il se préparait une action en Syrie, à partir de l’Angleterre, avec des Syriens, des gens du Proche Orient... (→)
Les US et le Haut Commandement turc étaient responsables du recrutement de mercenaires pour l’EI et Al-Nosra dès le début de l’insurrection syrienne en mars 2011. Selon des sources du renseignement israélien, cette initiative consistait en une campagne visant à enrôler des milliers de volontaires musulmans dans les pays du Moyen-Orient et le monde musulman pour combattre aux côtés des rebelles syriens. L’armée turque loge ces volontaires, les forme et assure leur passage en Syrie. (DEBKAfile, NATO to give rebels anti-tank weapons, 14 août 2011.)
"Je me trouvais à Londres pour d’autres affaires que la Syrie. Il n’était pas encore question de la Syrie sur la scène internationale, j’y étais pour des affaires commerciales, banales, et les interlocuteurs avec lesquels j’avais affaire, qui étaient des Anglais authentiques, un jour m’ont demandé si j’acceptais de rencontrer des Syriens. J’ai trouvé la question un peu insolite et j’ai voulu en savoir davantage. Je leur ai demandé qui étaient ces Syriens. C’est alors qu’ils m’ont révélé tout de go, sans précautions, qu’il se préparait une action en Syrie, à partir de l’Angleterre, avec des Syriens, des gens du Proche Orient... (→)
Les US et le Haut Commandement turc étaient responsables du recrutement de mercenaires pour l’EI et Al-Nosra dès le début de l’insurrection syrienne en mars 2011. Selon des sources du renseignement israélien, cette initiative consistait en une campagne visant à enrôler des milliers de volontaires musulmans dans les pays du Moyen-Orient et le monde musulman pour combattre aux côtés des rebelles syriens. L’armée turque loge ces volontaires, les forme et assure leur passage en Syrie. (DEBKAfile, NATO to give rebels anti-tank weapons, 14 août 2011.)
Il y a dans les rangs de l’EI des forces spéciales occidentales et des services de renseignement occidentaux dont les forces spéciales britanniques et le MI6 qui ont participé à la formation de rebelles djihadistes en Syrie. Des experts militaires occidentaux travaillant à contrat pour le Pentagone ont formé les terroristes pour manier des armes chimiques. Les États-Unis et certains de leurs alliés européens utilisent des entrepreneurs liés à la Défense pour montrer aux rebelles syriens comment sécuriser les stocks d’armes chimiques en Syrie, ont déclaré à CNN un haut responsable étasunien et plusieurs diplomates de haut rang. » (CNN Report 9 décembre, 2012)
Israël a soutenu les brigades de l’EI et d’Al-Nosra sur le plateau du Golan. Des djihadistes ont rencontré des officiers israéliens de Tsahal ainsi que le premier ministre Nétanyahou. Les haut gradés de Tsahal reconnaissent tacitement que « des éléments du jihad mondial en Syrie » [EI et Al-Nosra] sont soutenus par Israël.
LA SYRIE ET L’IRAK
Les mercenaires de l’EI sont les fantassins de l’alliance militaire occidentale. Leur mandat est de ravager et détruire la Syrie et l’Irak. La milice de l’État islamique, actuellement cible présumée d’une campagne de bombardements des États-Unis et de l’OTAN en vertu d’un mandat de « lutte contre le terrorisme », est toujours soutenue clandestinement par l’Alliance qui continue à lui fournir de l’aide militaire.
Le sénateur américain John Mac Cain avec les chefs djihadistes en Syrie. |
Le siège de Kobané et l’exportation de pétrole par les djihadistes sont aussi des exemples flagrants de duplicité de la part des forces occidentales. Concernant Kobané, comment se fait-il que les assaillants en nombre et bien armés aient pu approcher sans entraves de la ville et assurer leur intendance dans une région semi-désertique et étroitement surveillées par des satellites ultra performants ? Via des tunnels ?...
Même interrogation concernant les exportations du pétrole issu des puits investis par l’EI à des lieues de toute frontière. Par camions ou par pipelines ces « exfiltrations » sont à la merci du premier F16 qui voudrait se donner la peine de les interrompre. Si par contre ces exportations n’étaient que légende il faudrait alors expliquer comment le califat finance sa guerre et couvre ses simples frais de gestion… de même comment, pratiquement, ses armes et fournitures flambant neuf lui parviennent.
La chaîne internationale allemande Deutsche Welle (DW) a publié le premier constat vidéo d’un média occidental illustrant et documentant que l’EIIL n’est pas fourni par la vente au marché noir de pétrole ou par l’argent issu de rançons d’otages, mais par des ravitaillements valant des milliards de dollars transportés en Syrie depuis la Turquie membre de l’OTAN. La frontière turco-syrienne voit passer des centaines de camions par jour... Le rapport « ‘IS’supply channels through Turkey » confirme ce qu'ont rapporté des analystes politiques depuis 2011 (reported by geopolitical analysts) à savoir que l'EIIL ne peut survivre que grâce à un énorme sponsorship d'état multinational incluant évidemment la Turquie elle-même.
La chaîne internationale allemande Deutsche Welle (DW) a publié le premier constat vidéo d’un média occidental illustrant et documentant que l’EIIL n’est pas fourni par la vente au marché noir de pétrole ou par l’argent issu de rançons d’otages, mais par des ravitaillements valant des milliards de dollars transportés en Syrie depuis la Turquie membre de l’OTAN. La frontière turco-syrienne voit passer des centaines de camions par jour... Le rapport « ‘IS’supply channels through Turkey » confirme ce qu'ont rapporté des analystes politiques depuis 2011 (reported by geopolitical analysts) à savoir que l'EIIL ne peut survivre que grâce à un énorme sponsorship d'état multinational incluant évidemment la Turquie elle-même.
LA GUERRE MONDIALE AU TERRORISME (GMAT)
« La guerre mondiale au terrorisme » (GMAT) est présentée comme un « choc des civilisations », une guerre entre les valeurs et les religions concurrentes, alors qu’en réalité, elle constitue une véritable guerre de conquête, guidée par des objectifs stratégiques et économiques.
Les brigades terroristes d’Al-Qaïda soutenues par les États-Unis (et appuyées par le renseignement occidental) ont été déployées au Mali, au Niger, au Nigeria, en Centrafrique, en Somalie et au Yémen. Ces différentes entités affiliées à Al-Qaïda au Moyen-Orient, en Afrique subsaharienne et en Asie sont, directement et indirectement, soutenus par la CIA. Elles sont utilisées par Washington afin de déstabiliser des pays souverains. Boko Haram au Nigeria, Al-Shabab en Somalie, le Groupe islamique combattant en Libye (GICL) (soutenu par l’OTAN en 2011), Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), la Jemaah Islamiyah (JI) en Indonésie, entre autres groupes affiliés à Al-Qaïda, sont soutenus clandestinement par les services de renseignement occidentaux.
Les États-Unis appuient également des organisations terroristes affiliées à Al-Qaïda dans la région autonome ouïgoure du Xinjiang en Chine. L’objectif sous-jacent consiste à déclencher l’instabilité politique en Chine occidentale. Les djihadistes chinois auraient reçu « une formation terroriste » de l’État islamique « dans le but de perpétrer des attaques en Chine ». L’objectif déclaré de ces entités djihadistes situées en Chine est d’établir un califat islamique s’étendant jusque dans l’ouest de la Chine. (Michel Chossudovsky, America’s War on Terrorism, Global Research, Montréal, 2005, chapitre 2).
TERRORISTES D’ORIGINE INTÉRIEURE
Les terroristes c’est nous : Les États-Unis sons les architectes inavoués du groupe armé État Islamique et le mandat sacré d’Obama est de protéger l’Amérique contre les attaques de l’EI. La menace terroriste intérieure est évidemment une fabrication. Les gouvernements occidentaux et les médias en font la promotion dans le but d’abroger les libertés civiles et d’instaurer un État policier. Les attaques terroristes perpétrées par de présumés djihadistes et les avertissements d’attentats des terroristes sont invariablement mis en scène et sont utilisés pour créer une atmosphère de peur et d’intimidation.
Les arrestations, les procès et les condamnations de « terroristes islamiques » visent pour leur part à entretenir la légitimité du Homeland Security, l’État sécuritaire des États-Unis, et de l’appareil d’application de la loi, de plus en plus militarisé. L’objectif ultime est d’inculquer dans l’esprit de millions d’Étasuniens l’idée que l’ennemi est réel et que l’administration étasunienne va protéger la vie de ses citoyens. La campagne de « lutte au terrorisme » contre l’État islamique a contribué également à la diabolisation des musulmans, qui, aux yeux de l’opinion publique occidentale, sont de plus en plus associés aux djihadistes.
Toute personne qui ose remettre en question la validité de la « guerre mondiale au terrorisme » est accusée d’être un terroriste et soumise aux lois anti-terroristes. Le but ultime de cette « guerre » est de soumettre les citoyens à l’autorité, de dépolitiser complètement la vie sociale aux États-Unis, d’empêcher les gens de penser et de conceptualiser, d’analyser les faits et de contester la légitimité de l’ordre social inquisitorial qui gouverne le pays.
L’administration Obama a imposé un consensus diabolique avec le soutien de ses alliés, sans compter le rôle complice du Conseil de sécurité des Nations Unies. Les médias occidentaux ont adopté le consensus; ils décrivent le groupe État islamique comme une entité indépendante, un ennemi extérieur qui menace le monde occidental. La supercherie est devenue réalité.
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Texte très largement inspiré de “ Twenty-six Things About the Islamic State (ISIL) that Obama Does Not Want You to Know About »
http://www.globalresearch.ca/twenty-six-things-about-the-islamic-state-isil-that-obama-does-not-want-you-to-know-about/5414735
Grotesque, mais ça marche !...
Manlio Dinucci
Source
[1] « ISIL » est l’acronyme utilisé par la Maison-Blanche pour désigner l’Émirat islamique.
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Gabriel Galice, président de l’Institut international de recherches pour la paix à Genève :
"Les Américains ont un plan qui est de remodeler le Moyen-Orient et c'est un projet de prise du pouvoir"
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- 14 août 2015 -
Le Lt Général Michael Flynn a démissionné de son poste de chef de l’agence de renseignement du Pentagone en avril 2014, à la surprise générale
décembre 2014
LE CALIFAT VOULU PAR LES USA
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par Manlio Dinucci 26 mai 2015
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Revenant sur les documents disponibles, Manlio Dinucci affirme que sans l’ombre d’un doute
- (1) Daesh est fonctionnel à la stratégie des États-Unis au Levant
- (2) la CIA arme Daesh pendant que la Coalition internationale dirigée par le Pentagone fait mine de le combattre.
Cependant, son analyse diffère de celle de Thierry Meyssan pour qui Washington a deux fers au feu et choisira au dernier moment lequel lui est le plus profitable. En effet, pour Manlio Dinucci, les États-Unis poursuivent avec détermination l’installation du chaos.
Cette différence de conclusions s’explique par le fait que le consultant Thierry Meyssan observe à la fois les opérations militaires et les tractations en cours, tandis que le géographe Manlio Dinucci se fonde exclusivement sur les rapports
de force sur le terrain.
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Pour prendre Ramadi (Irak), Daesh est arrivé en colonne, une proie facile pour d’éventuels bombardements. Mais, à la surprise générale, la Coalition internationale n’est pas intervenue. Par contre, pour prendre Palmyre (Syrie), Daesh a pris soin de se déplacer en petits groupes coordonnés, rendant impossible une opération aérienne de l’Armée arabe syrienne. À l’évidence, la Coalition internationale n’est pas sérieuse lorsqu’elle prétend combattre les jihadistes et ceux-ci le savent.
Pendant que l’Isis (Daesh) occupe Ramadi, la deuxième ville d’Irak, et le jour suivant Palmyre dans le centre de la Syrie, en tuant des milliers de civils et en en contraignant des dizaines de milliers d’autres à la fuite, la Maison-Blanche déclare « Nous ne pouvons pas nous arracher les cheveux à chaque fois qu’il y a un obstacle dans la campagne contre l’ISIL » [1].
La campagne militaire, « Inherent Resolve », a été lancée en Irak et Syrie il y a plus de neuf mois, le 8 août 2014, par les USA et leurs alliés : France, Grande-Bretagne, Canada, Australie, Arabie Saoudite, Émirats Arabes Unis, Bahreïn et autres. S’ils avaient utilisé leurs chasseurs-bombardiers comme ils l’avaient fait en Libye en 2011, les forces de Daesh, opérant dans des espaces ouverts, auraient été une cible facile. Celles-ci ont au contraire pu attaquer Ramadi avec des colonnes de véhicules blindés chargés d’hommes et d’explosifs. Les USA sont-ils devenus impuissants ? Non : si Daesh avance en Irak et en Syrie, c’est parce qu’à Washington on veut justement cela.
C’est ce que confirme un document officiel de l’Agence de Renseignement du Pentagone (DIA), daté du 12 août 2012, déclassifié le 18 mai 2015 par initiative du groupe conservateur Judicial Watch dans la compétition pour les présidentielles [2]. Il rapporte que « les pays occidentaux, les États du Golfe et la Turquie soutiennent en Syrie les forces d’opposition qui tentent de contrôler les zones orientales, adjacentes aux provinces iraniennes occidentales », en les aidant à « créer des refuges sûrs sous protection internationale ». Il existe « la possibilité d’établir une principauté salafiste en Syrie orientale, et cela est exactement ce que veulent les puissances qui soutiennent l’opposition, pour isoler le régime syrien, arrières stratégiques de l’expansion chiite (Irak et Iran) ». Le document de 2012 confirme que l’Isis (Daesh), dont les premiers noyaux viennent de la guerre en Libye, s’est formé en Syrie, en recrutant surtout des militants salafistes sunnites qui, financés par l’Arabie Saoudite et d’autres monarchies, ont été approvisionnés en armes à travers un réseau de la CIA [3].
Cela explique la rencontre en mai 2013 (documentée photographiquement) entre le sénateur états-unien John McCain, en mission en Syrie pour le compte de la Maison-Blanche, et Ibrahim Al-Badri, le « calife » à la tête de Daesh [4]. Cela explique aussi pourquoi Daesh a déclenché l’offensive en Irak au moment où le gouvernement du chiite al-Maliki prenait ses distances de Washington, en se rapprochant de Pékin et Moscou.
Washington, en déchargeant la responsabilité de la chute de Ramadi sur l’armée irakienne, annonce maintenant vouloir accélérer en Irak l’entraînement et l’armement des « tribus sunnites ». L’Irak est en train d’aller dans la même direction que la Yougoslavie, vers la désagrégation, commente l’ex-secrétaire à la Défense états-unien Robert Gates. Pareil en Syrie, où USA et alliés continuent à entraîner et armer des miliciens pour renverser le gouvernement de Damas. Avec la politique du « diviser pour régner », Washington continue ainsi à alimenter la guerre qui, en 25 années, a provoqué massacres, exodes, pauvreté, au point que de nombreux jeunes ont fait des armes leur métier. Un terrain social sur lequel font prise les puissances occidentales, les monarchies qui sont leurs alliés, les « califes » qui instrumentalisent l’islam et la division entre sunnites et chiites. Un front de la guerre, à l’intérieur duquel il y a des divergences sur la tactique (par exemple sur quand et comment attaquer l’Iran), pas sur la stratégie.
Front armé par les USA, qui annoncent la vente (pour 4 milliards de dollars) à l’Arabie Saoudite de 19 autres hélicoptères, pour la guerre au Yémen, et à Israël de 7 400 autres missiles et bombes, parmi lesquelles celles anti-bunker pour l’attaque de l’Iran.
Manlio Dinucci
Traduction
Marie-Ange Patrizio
Source
Il Manifesto (Italie)
[1] « ISIL » est l’acronyme utilisé par la Maison-Blanche pour désigner l’Émirat islamique.
[2] Rapport de l’Agence de Renseignement militaire aux divers services de l’administration Obama sur les jihadistes en Syrie, 12 août 2012.
[3] « Arms Airlift to Syria Rebels Expands, With Aid From C.I.A. », par C. J. Chivers and Eric Schmitt, The New York Times, 24 mars 2013.
[4] « John McCain, le→ chef d’orchestre du "printemps arabe", et le Calife », par Thierry Meyssan, et « John McCain a admis être en contact permanent avec l’Émirat islamique », Réseau Voltaire, 18 août et 19 novembre 2014.
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Gabriel Galice, président de l’Institut international de recherches pour la paix à Genève :
"Les Américains ont un plan qui est de remodeler le Moyen-Orient et c'est un projet de prise du pouvoir"
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- 14 août 2015 -
Le monstre État Islamique est une créature US
Le Lt Général Michael Flynn a démissionné de son poste de chef de l’agence de renseignement du Pentagone en avril 2014, à la surprise générale
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L’ancien chef de la DIA (Defense Intelligence Agency) le dit clairement et publiquement : l’avènement d’État islamique fut une décision prise en toute conscience par la Maison Blanche.
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La Maison Blanche a pris la décision d’aider les rebelles armés en Syrie malgré les avertissements des services de renseignements prévoyant l’avènement du groupe État islamique.
Dans le dernier épisode d’Head to Head sur Al Jazeera, l’ancien directeur de la Defense Intelligence Agency (DIA), Michael Flynn, confirme au journaliste Medhi Hasan qu’il a non seulement bien étudié le rapport de la DIAprédisant que l’Occident soutenait l’idée d’un État islamique en Syrie lorsque ce dossier lui fut soumis en 2012, mais prétend même que le sponsoring de djihadistes radicaux (qui deviendront EI et Nusra) par la Maison Blanche pour contrer le régime syrien fut une décision délibérée.
Étonnamment, Flynn n’est pas en accord avec la façon dont le journaliste, Medhi Hasan, pose ses questions. Flynn semble vouloir être clair sur le fait que les stratégies qui ont mené à l’apparition d’EI ne sont pas dues à l’ignorance ou à l’aveuglement, mais sont le résultat d’une décision prise en toute conscience.
Hasan : – Vous êtes donc en train de nous dire qu’à cette époque le gouvernement savait que ces groupes existaient, vous en avez vu l’analyse, et vous argumentiez contre, mais alors, qui n’écoutait pas ?
Flynn : – Je crois que c’est l’administration
Hasan : – L’administration a donc fermé les yeux face à votre rapport?
Flynn : – Je ne crois pas qu’elle ait fermé les yeux, je pense que ce fut une décision. Je pense même que ce fut une décision délibérée
Hasan : – La décision délibérée d’aider une révolte menée par des salafistes, al-Qaida et les frères musulmans?
Flynn : C’était la décision délibérée de faire ce qu’ils sont en train de faire.
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Voir ce tête à tête historique entre Medhi Hasan et le général Michael Flynn
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Hasan lui même a exprimé de la surprise devant la franchise de Flynn à ce moment de l’interview. Une copie de ce rapport de la DIA déclassifié à la main, Hasan en a lu à haute voix quelques passages : «Il existe une possibilité d’établir une principauté salafiste en Syrie orientale et c’est exactement ce que veulent les puissances soutenant l’opposition syrienne, afin d’isoler le régime syrien.»
Plutôt que de dévaloriser l’importance d’un tel document comme le fit le département d’État après sa déclassification, Flynn fit le contraire ; il confirma qu’en tant que chef de la DIA il «y porta une attention soutenue»et ajouta plus tard que « ces renseignements étaient très clairs».
Le Lt Général Flynn pouvant parler – puisque en retraite – est le dernier officiel en date à dire publiquement que les États-Unis et les autres États soutenant les rebelles en Syrie l’ont fait en toute conscience et qu’envoyer des armes à al-Qaida était une décision politique ayant pour objectif de mettre la pression sur le régime syrien.
Hasan : – En 2012 les USA aidaient à coordonner les transferts d’armes vers ces mêmes groupes (salafistes, les frères musulmans, al-Qaida en Irak), pourquoi n’avez-vous pas cessé de le faire si vous vous inquiétiez de la montée en puissance des extrémistes islamistes?
Flynn : – Je déteste dire que ce n’était pas mon boulot… Mais bon… Mon boulot était juste de m’assurer que les informations que nous présentions étaient aussi valides que possible.
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Les premières informations sur ce rapport de la DIA disant qu’il avait un intérêt médiatique par son caractère très révélateur furent critiquées et même tournées en ridicule par quelques experts et même des journaux comme The Daily Beast. Pourtant le directeur de la DIA à l’époque où fut rédigé ce mémo, largement mis en circulation, confirme maintenant sans aucune ambiguïté qu’il est de grande valeur et servit même de base pour discuter, avec la Maison Blanche, de la stratégie à adopter vis-à-vis de la Syrie.
Étant donné que Michael Flynn était auparavant le directeur des renseignements pour le centre de commande des opérations spéciales (JSOC) à l’époque où la principale mission de ce centre était de démanteler al-Qaida, sa franche admission que la Maison Blanche, en réalité, armait et favorisait des groupes liés à al-Qaida est particulièrement choquante, vue sa position.
Il est assez perturbant pour l’esprit de voir un ancien haut fonctionnaire des renseignements du Pentagone, de niveau aussi élevé, en charge de la traque de Ben Laden confesser calmement que les États-Unis ont apporté une aide directe aux fantassins d’Ayman al-Zawahiri en Syrie, au moins depuis 2012.
Cette confirmation est aussi significative pour mon propre travail de reportage sur ce rapport car, à l’époque, je fus contacté par quelques individus qui ont essayé de me convaincre que ceux qui connaissaient vraiment le dossier, experts et gens de l’intérieur, savaient que ce document était sans valeur et sans aucune validité pour la communauté du renseignement et la stratégie à adopter vis-à-vis de la Syrie.
Cela avait commencé par un article du Daily Beast intitulé La conspiration EI qui dévore internet dans lequel un ancien fonctionnaire de la NSA, John Schindler, s’exprime en tant qu’expert proche de la source. Schindler conclut à propos de ce rapport de la DIA : «Il n’y a pas grand-chose d’intéressant à en tirer… Absolument rien de spécial là dedans, pas une phrase.»
A ma grande surprise, juste quelques heures après avoir publié un droit de réponse sur les propos de Schindler dans cet article du Daily Beast, je fus contacté par un fonctionnaire en exercice de la CIA qui est aussi un ami personnel de l’époque où je vivais à Washington.
Ce fonctionnaire, qui passa la plus grande partie de sa carrière aux relations publiques de la CIA m’appela personnellement pour me pousser à abandonner mes attaques contre la crédibilité de Schindler. En retour, je lui fis remarquer le côté fortement idéologique et suspicieux du personnage alors qu’il prétend toujours avoir des sources bien placées à l’appui de ses arguments. Ce fonctionnaire de la CIA insista pourtant pour me convaincre de la crédibilité de Schindler en tant qu’expert ayant de bons tuyaux et m’assura qu’il avait écrit son article «en toute connaissance de cause».
Cette interview historique par Medhi Hasan du général Flynn devrait mettre un terme à ce débat. Ce document déclassifié de la DIA est maintenait confirmé comme une pièce centrale et importante pour faire la lumière sur les origines d’EI et devrait être la base d’un authentique débat national sur la politique américaine vis-à-vis de la Syrie et de l’Irak.
Maintenant qu’il peut être reconnu comme important par les historiens internationaux respectés, tous les foyers américains devraient avoir connaissance de ce document.
Brad Hoff
Levant Report; 6 août 2015
Petit précis de logistique: D’où viennent les armes de l’EIIL?
Voici une analyse concernant l’Etat Islamique que l’on peut qualifier de rare. Car dès qu’il s’agit de cette engeance, il y a comme une sorte de gel des neurones chez les intellectuels, ce qui les oblige à ressortir les clichés et les leçons apprises dans les livres des recettes de la propagande selon lesquels DAECH a la capacité de réaliser ce qu’aucune armée au monde ne saurait faire. Il n’est pas besoin de l’Ecole de Guerre pour savoir que les exploits militaires qui sont prêtés à DAECH ne peuvent être réalisés sans une aide logistique extérieure, aide abordée dans les médias de manière toujours pudique avec tout le floutage nécessaire. Tony Cartalucci lui, n’a aucune pudeur à appeler un chat un chat. RI
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Par Tony Cartalucci
Depuis les anciens temps, une armée a toujours demandé un grand soutien logistique afin d’être performante dans quelque campagne militaire que ce soit. Dans la Rome antique, on construisit un vaste réseau de routes non seulement pour faciliter transport et commerce, mais aussi pour permettre aux légions romaines de se déplacer bien plus rapidement là où on en avait besoin et aussi pour accélérer le processus de ravitaillement très important que suscitait ces légions.
A la fin du XVIIIème siècle, le général français et stratège expert Napoléon Bonaparte notait qu’ “une armée marche sur son estomac”, se référant au réseau logistique extrême nécessaire pour maintenir une armée en campagne bien nourrie et ainsi maintenir sa capacité de combat. Pour les Français, leur incapacité à maintenir une logistique et un ravitaillement adéquats à leurs forces combattantes, notamment en Russie et la décision des Russes de pratiquer la stratégie de la terre brûlée afin d’empêcher les forces françaises envahisseuses de se nourrir sur le pays, finalement les vainquirent.
L’Allemagne nazie souffrait d’un destin similaire lorsqu’elle étira par trop ses capacités logistiques lors de l’opération Barbe Rousse d’invasion de l’URSS. Une fois de plus, les armées de l’envahisseur furent bloquées par leurs ressources limitées avant d’être coupées de leur ravitaillement et annihilées ou forcées de battre en retraite.
Dans les temps plus récents, pendant la guerre du Golfe du début des années 1990, une longue ligne de ravitaillement trop loin des troupes alliées envahissant l’Irak ainsi qu’un choc anticipé avec le gros des forces de Saddam Hussein mirent un coup d’arrêt à ce qui fut autrement une avance éclair et qui fut comprise par erreur comme ayant pu atteindre Baghdad si la volonté politique y avait été. La volonté de conquérir était présente, c’est l’intendance qui ne suivait pas…
Aussi claires que soient les leçons de l’histoire, elles semblent toujours disparaître avec la troupe de politiciens et d’agences de presse occidentale qui est soit totalement ignorante, soit incroyablement trompeuse.
Les lignes de soutien logistique de l’EIIL
Le conflit actuel qui consume le Moyen-Orient, particulièrement en Irak et en Syrie où le soi-disant “État Islamique” EI ou EIIL opère et combat simultanément, battant, les forces régulières syriennes, libanaises, irakiennes et iraniennes, est nous dit-on, bâti sur un réseau logistique de marché noir de la vente de pétrole et de paiements de rançons.
La capacité de combat de l’EIIL est celle d’un état-nation. Il contrôle de vastes portions de territoires s’étalant de la Syrie à l’Irak et il est non seulement capable de défendre militairement ce territoire étendu, mais il possède les ressources pour l’occuper, incluant des ressources pour administrer les populations subjuguées en son sein (NdT: comme un nouvel état COLONIAL tiens, tiens…)
Pour les analystes militaires, surtout les anciens des forces armées occidentales et aussi les membres des médias occidentaux qui se rappellent les convois de camions gigantesques qui furent requis pour pouvoir envahir l’Irak dans les années 1990 puis de nouveau en 2003, ils se demandent tous aujourd’hui où sont les camions de l’EIIL ? Après tout, si les ressources pour maintenir la capacité de combat exhibée par l’EIIL étaient disponibles au sein des seuls territoires syriens et irakiens occupés, alors certainement que les forces irakiennes et syriennes posséderaient également une capacité de combat au moins égale sinon supérieure à celle de l’EIIL, mais elles ne l’ont tout simplement pas.
Et si les lignes logistiques de ravitaillement de l’EIIL étaient uniquement confinées sur le territoire irakien et syrien, alors certainement que les forces régulières irakiennes et syriennes utiliseraient un des grands avantages qu’elles ont leur possession, leur puissance aérienne, pour couper la ligne de ravitaillement des combattants de l’EIIL de sa source. Mais ceci ne se produit pas et…. IL Y A UNE TRES BONNE RAISON A CELA.
Les lignes de ravitaillement de l’EIIL sillonnent précisément des endroits où les forces aériennes irakienne et syrienne ne peuvent pas aller. Au nord chez le voisin turc membre de l’OTAN et au sud-ouest chez les alliés des Etats-Unis que sont la Jordanie et l’Arabie Saoudite. Au-delà de ces frontières existe un réseau logistique qui s’étend sur une région qui englobe l’Europe de l’Est et l’Afrique du Nord.
Les terroristes et les armes qui furent laissés après l’intervention de l’OTAN en Libye en 2011 furent rapidement envoyés en Turquie puis en Syrie, le tout coordonné par les officiels du ministère des affaires étrangères américain et des services de renseignement basés à Benghazi, un nid de terroristes depuis des décennies.
Dans un article de 2013, The London Telegraph rapportait, « CIA ‘running arms smuggling team in Benghazi when consulate was attacked’, » que:
[CNN] a dit qu’une équipe de la CIA travaillait dans une annexe proche du consulat sur un projet de fournir des missiles libyens récupérés aux rebelles syriens.
Des armes provenaient également d’Europe de l’Est comme le rapportait le New York Times dans un article de 2013, « Arms Airlift to Syria Rebels Expands, With Aid From C.I.A., » que:
Depuis des bureaux dans des endroits tenus secrets, des officiers des services actions du renseignement américain avaient aidé des gouvernements arabes à faire leurs emplettes d’armes, incluant de larges livraisons en provenance de la Croatie et ont parlementé avec les chefs rebelles pour savoir qui devrait recevoir les armes à leur arrivée, d’après des officiels américains parlant sous condition d’anonymat.”
Quand les sources médiatiques occidentales se réfèrent continuellement à l’EIIL et autres factions opérant sous la bannière d’Al Qaïda comme à des rebelles “modérés”, il est très clair que si ces milliards de dollars d’armement allaient vraiment à ces “rebelles modérés” alors ce serait eux et non pas l’EIIL, qui domineraient le champ de bataille, or ce n’est pas le cas.
De récentes infos ont révélé que dès 2012 le ministère de la défense des USA n’avait pas seulement anticipé la création d’une “principauté salafiste” s’étendant de la Syrie à l’Irak, précisément là où existe l’EIIL aujourd’hui, mais qu’il l’encourageait vivement et contribuait aux circonstances de sa création et réalisation pratique.
Quel est le degré d’extension des lignes de logistique de l’EIIL ?
Alors que beaucoup en occident jouent les ignorants sur la manière dont l’EIIL obtient son approvisionnement afin de maintenir optimale sa capacité de combat, quelques journalistes se sont rendus dans la région et ont filmé et rapporté les convois de camions sans fin qui suppléent l’armée terroriste.
Est-ce que ces camions roulaient depuis des usines saisies par l’EIIL dans les territoires irakiens et syriens ? Non. Ils venaient de loin en Turquie, traversant la frontière syrienne en toute impunité et se dirigeaient vers leurs destinations sous la protection évidente de l’armée turque. Les tentatives par l’aviation syrienne d’attaquer ces convois de ravitaillement et les terroristes qui les accompagnent ont été contrées par la défense anti-aérienne turque…
La chaîne internationale allemande Deutsche Welle (DW) a publié le premier constat vidéo d’un média occidental illustrant et documentant que l’EIIL n’est pas fourni par la vente au marché noir de pétrole ou par l’argent issu de rançons d’otages, mais par des ravitaillements valant des milliards de dollars transportés en Syrie depuis la Turquie membre de l’OTAN. La frontière turco-syrienne voit passer des centaines de camions par jour…
Le rapport intitulé, « ‘IS’ supply channels through Turkey, » confirme ce qui a été rapporté par des analystes politiques ( reported by geopolitical analysts) depuis 2011 à savoir que l’EIIL ne peut survivre et ne survit de fait que grâce à un énorme sponsorship d’état multinational incluant évidemment la Turquie elle-même.
En regardant les cartes du territoire tenu par l’EIIL et en lisant les rapports d’action de ses manœuvres offensives à travers la région et au-delà, on peut facilement imaginer les centaines de camions par jour que cela nécessite pour maintenir un tel niveau de capacité combattante.. On peut facilement imaginer des convois similaires traversant les frontières de l’Irak en provenance de la Jordanie et de l’Arabie Saoudite. Des convois similaires passent certainement en Syrie depuis la Jordanie.
Ainsi, considérant les réalités logistiques et leur importance de tous temps dans les campagnes militaires au travers de l’histoire humaine, il n’y a pas d’autre explication plausible quant à la capacité de l’EIIL de perpétrer une guerre en Syrie et en Irak sans avoir les immenses ressources qui lui sont envoyées depuis l’étranger.
Si une armée marche sur son estomac et les estomacs de l’EIIL sont remplis des vivres en provenance de l’OTAN et du Golfe, alors l’EIIL continuera à marcher pendant longtemps, probablement même de plus en plus vite. Le point clef pour briser les reins de l’EIIL est de briser les reins de sa ligne de ravitaillement. Pour pouvoir le faire néanmoins, et précisément c’est pour cela que le conflit traîne tant en longueur, il faudrait que l’Irak, la Syrie et l’Iran et autres pays sécurisent éventuellement leurs frontières et forcent l’EIIL à combattre en Turquie, en Jordanie et en Arabie Saoudite, scénario difficile à mettre en place car des nations comme la Turquie ont créé des zones tampons de facto en territoire syrien qui demanderait une confrontation directe avec les forces turques pour les éliminer.
Avec l’Iran rejoignant l’équipée avec le déploiement supposé de quelques milliers de soldats pour renforcer les opérations de l’armée syrienne, de grands principes de dissuasion pourraient empêcher la Turquie de renforcer ses zones tampons.
Ceci nous laisse avec cette perspective de la région totalement tenue en otage par l’OTAN avec la perspective d’une guerre régionale catastrophique dans le but de défendre et de perpétuer le carnage perpétré par l’EIIL en Syrie, le tout totalement soutenu de manière sous-jacente par un réseau logistique émanant de territoires de l’OTAN.
Tony Cartalucci
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- 15 juin 2014 -
le « printemps arabe » a été provoqué
par les Etats-Unis
40016 vues15 juin 2014 Mensonges & ManipulationRéseau International
Un document rendu public par un think tank américain révèle que le « printemps arabe » est loin d’être un mouvement spontané de populations avides de changements politiques, mais bel et bien une reconfiguration mûrement réfléchie et orchestrée par l’administration américaine.
L’organisation Middle East Briefing (MEB), qui se base sur un rapport officiel du département d’Etat américain, confirme l’implication de la Maison-Blanche dans les « révolutions » ayant secoué de nombreux pays dans la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord. Le document en question, qui date du 22 octobre 2010 et intitulé « Middle East Partnership Initiative : Overview », est confidentiel et le MEB n’a réussi à le consulter que grâce à la loi Freedom of information Act. Le pays de l’Oncle Sam a concocté dans ses officines de nombreuses stratégies pour défaire les régimes dans les pays ciblés en s’appuyant sur « la société civile » qu’il arrive à contrôler après avoir effectué un travail de fond sur les organisations non gouvernementales (ONG).
L’approche américaine consiste à manipuler ces ONG pour qu’elles s’inscrivent en droite ligne de sa politique étrangère et de ses objectifs en matière de sécurité interne, note MEB. « The Middle East Partnership Initiative (MEPI) est un programme régional qui renforce les citoyens du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord afin de développer des sociétés plurielles, participatives et prospères. Comme le démontrent les chiffres fournis dans cette évaluation, le MEPI a évolué depuis son lancement en 2002 pour devenir un outil flexible dans la région pour un appui direct aux sociétés civiles autochtones, appui qui est intégré dans la diplomatie du gouvernement américain dans la région », peut-on lire dans le rapport du département d’Etat qui use et abuse du langage diplomatique pour masquer la nature hégémonique de cette initiative.
Dans la section intitulée « comment le MEPI fonctionne », il y est clairement expliqué que les principaux objectifs du MEPI sont de « constituer des réseaux de réformateurs qui échangeront leurs connaissances et s’entraideront, et de catalyser le changement dans la région ».
La subversion financée par les ambassades américaines
L’administration Obama ne lésine pas sur les moyens pour réussir son ingérence dans les affaires internes des pays en point de mire. Les subventions locales « apportent un soutien direct à des groupes de citoyens autochtones, et représentent désormais plus de la moitié des projets de MEPI », note le rapport. « Des agents désignés dans les ambassades américaines gèrent le financement et sont en liaison directe avec les différentes ONG et les groupes composant la société civile » qui bénéficient de ces subventions. « Les projets spécifiques aux pays visent à répondre aux besoins locaux en matière de développement tels qu’identifiés par les ambassades, les réformateurs locaux et notre propre analyse du terrain.
Les développements politiques dans un pays peuvent induire de nouvelles opportunités et de nouveaux défis pour la réalisation des objectifs de la politique du gouvernement américain, et le MEPI va transférer les fonds nécessaires pour répondre à ces besoins », souligne-t-on encore. Il va sans dire que les initiateurs de ce programme zappent les institutions locales et les gouvernements. Il y est en effet indiqué que le MEPI a pour seuls interlocuteurs les acteurs de la société civile à travers les ONG parties prenantes basées aux Etats-Unis et dans la région concernée. « Le MEPI ne fournit pas des fonds aux gouvernements étrangers et ne négocie pas des accords d’assistance bilatéraux », relève le rapport.
Selon MEB, le document énumère une liste de pays ciblés en priorité par les desseins inavoués de l’establishment américain. Il s’agit du Yémen, l’Arabie Saoudite, la Tunisie, l’Egypte et le Bahreïn. La Libye et la Syrie ont été ajoutées une année après l’élaboration de ce rapport du département d’Etat. Pour ce qui est de l’Egypte, on y apprend que l’administration américaine misait sur le mouvement des Frères musulmans, jugé compatible avec la politique étrangère du gouvernement américain.
L’administration d’Obama assure même « le service après-vente » de « ces révolutions » qui participent à remodeler le « Grand Moyen-Orient » selon la vision américaine. Un bureau de coordonnateur spécial des transitions dans le Moyen-Orient a été créé en septembre 2011. William B. Taylor a été nommé à sa tête.
Ce diplomate s’y connaît en révolution, puisqu’il était l’ambassadeur des Etats-Unis en Ukrainedurant « la révolution orange », de 2006 à 2009. Selon le rapport du département d’Etat, le bureau du coordonnateur spécial des transitions dans le Moyen-Orient coordonne l’assistance du gouvernement américain « aux démocraties naissantes » dans la région du Moyen-Orient et en Afrique du Nord, dont l’Egypte, la Tunisie et la Libye.
Sonia Baker
Source : AlgeriePatriotique.com
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- 1 décembre 2015 -
Le grand coup de Poutine
Le maître du Kremlin est-il en train de prendre les Kurdes aux Américains et de commencer à sceller la frontière syrienne contre les Turcs ? Ca en prend visiblement le chemin...
Qu'on l'aime ou pas, il est difficile de ne pas reconnaître en lui un génie stratégique de la veine d'un Richelieu ou d'un Sun Tzu. Selon les préceptes du judo qu'il affectionne tant, Vladimir "abracadabra" Poutine retourne toujours tout à son avantage, ce qui doit finir par être désespérant pour ses adversaires.
La réaction russe au "coup de poignard dans le dos" de la part de Ben Erdogan a déjà étonné par sa rapidité et son ampleur. Ce n'est d'ailleurs pas fini car l'on apprend maintenant que la coopération scientifique entre les deux pays est arrêtée et que plus de 1 000 camions turcs sont bloqués à la frontière. De plus, le Turk Stream risque bien d'être gelé par la partie russe, si l'on en croit des sources au sein de Gazprom. Mais il est évident que Moscou allait également tenter de retourner la situation à son avantage sur le plan stratégique. Des informations émergent et elles ne sont pas tristes...
La Russie aurait commencé à s'entendre avec les YPG kurdes de Syrie afin de couper le passage entre l'Etat Islamique et la Turquie, ce qui changerait considérablement la donne stratégique. Nous avions déjà plusieurs fois évoqué ce qui n'était alors qu'une possibilité ; grâce à l'incident du Sukhoi, celle-ci se mue peu à peu en certitude, au grand dam du sultan qui risque de regretter longtemps, très longtemps son coup de folie.
Quelques explications sont nécessaires pour mesurer l'importance de la chose. Et d'abord une carte :
Après les échecs de Daech face aux Kurdes à Hassaké et à Kobané, la voie de communication avec le parrain turc est réduite à une porte d'environ 80 km, commençant un peu à l'est d'Aazaz et allant jusqu'à Jarabulus sur l'Euphrate (les deux points rouges sur la carte). On le voit, les YPG kurdes, bête noire d'Ankara qui les considère comme "terroristes", sont situées de part et d'autre et ne rêvent que de réunir leurs territoires (appelons-les pour l'instant "Kurdes ouest" et "Kurdes est").
Le sultan avait décidé d'une ligne rouge à ne pas franchir pour les Kurdes syriens : l'Euphrate, au-delà duquel les avions turcs n'hésiteraient pas à les bombarder, ce qui est arrivé plusieurs fois. Le piquant de l'affaire est que ces mêmes YPG sont sensés être les alliés des Etats-Unis, eux-mêmes alliés de la Turquie. Bref, un maelström sur lequel Poutine joue comme dans du velours, nous y reviendrons.
Lorsqu'à l'été il fut question d'une opération kurde pour prendre Jarabulus et perturber le ravitaillement de Daech, Ankara menaça d'intervenir militairement. Finalement, un accord fut trouvé entre Américains et Turcs. Les premiers assuraient aux seconds l'annulation de l'opération contre l'utilisation par les jets US de la base d'Incirlik. On en était là quand le Sukhoi a été abattu...
Si les "Kurdes est" de Kobané n'ont pas encore bougé ni franchi l'Euphrate, les "Kurdes ouest" ont fait mouvement et engagé la bataille dans la plaine au nord d'Alep... soutenus par les bombardements russes ! Les YPG ont pris le contrôle de plusieurs villages à un jet de caillou de la frontière turque, mettant en péril l'approvisionnement des terroristes modérés (Al Qaeda, Ahrar al Cham). Ce qui se profile à l'horizon est un mouvement en tenaille entre les "Kurdes est" franchissant l'Euphrate et les "Kurdes ouest", le tout protégé par les fameux S-400 russes qui vont abattre comme des mouches les avions turcs qui s'aventureraient dans la région.
Les Américains, embringués dans des alliances totalement contradictoires, sont paralysés et ce diable de Poutine en profite avec délice. Si Moscou soutient les YPG, Washington ne pourra non seulement rien faire, mais même rien critiquer, puisque ces milices kurdes sont ses alliés théoriques. Une fois de plus, Barack à frites verra avec horreur les Russes débaucher ses propres associés.
Car Vladimirovitch voit plus loin. Il a appelé Assad et le PYD (parti kurde chapeautant les YPG) à s'unir. Les Kurdes sont preneurs depuis un certain temps ; jusqu'ici, c'est Assad qui n'était pas très chaud, mais il est l'obligé de Moscou depuis la campagne aérienne lancée il y a deux mois. Cette alliance - qui semble déjà se faire sur le terrain militaire à défaut d'un accord politique formel - porterait un coup mortel à l'EI et autres terroristes modérés chers à l'Occident, giflerait les Turcs et embarrasserait terriblement les Américains.
Le grand jeu de Poutine
http://www.chroniquesdugrandjeu.com/2015/12/le-grand-coup-de-poutine.html?utm_source=_ob_share&utm_medium=_ob_facebook&utm_campaign=_ob_sharebar
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Comment la guerre a éclaté en Syrie
La véritable histoire – Le jour avant Deraa
Le scénario avait été bien rodé en Libye,
il pouvait s’appliquer à la Syrie
Une analyse remarquable de Steven Sahiounie, un jeune journaliste américain de père d’origine syrienne, sur le commencement de la guerre en Syrie. Toutefois aucun média traditionnel – en France ou en Suisse – ne la publierait. ASI
INSTITUT TUNISIEN DES RELATIONS INTERNATIONALES
La journée qui a précédé le 11 Septembre, 2001 avait été une journée normale à New York City. Le 10 septembre 2001 a ignoré que des événements ébranlant le monde surviendraient le jour suivant.
De même, on aurait pu penser, la veille du jour où la violence a éclaté à Deraa, en Syrie en mars 2011, que ce jour serait aussi une journée sans incident, dans l’ignorance où l’on était du soulèvement sur le point de commencer.
Mais ce ne fut pas le cas.
- Car Deraa débordait d’activité et de visiteurs totalement étrangers à la Syrie bien avant que le soulèvement organisé ne frappe ses trois coups.
La mosquée Omari servit de coulisses à la représentation;
- c’est là que se firent les changements d’habillement et qu’eurent lieu les répétitions.
- Oui, les terroristes libyens, venus en droite ligne du champ de bataille de l’agression-changement de régime US-OTAN sur la Libye, étaient arrivés à Deraa bien avant le violent soulèvement de mars 2011.
Le responsable religieux de la mosquée Omari était Sheikh Ahmad al Sayasneh. C’était un homme d’un certain âge avec un grave problème de vue qui l’obligeait à porter des lunettes noires spéciales, et ces lunettes affectaient à leur tour sa vision. Il n’était pas seulement malvoyant, mais également sensible à la lumière ce qui l’obligeait à se tenir autant que possible à l’intérieur et souvent isolé. Il était accoutumé à reconnaître les personnes avec lesquelles il parlait à leur accent et à leur voix. L’accent des gens de Deraa est caractéristique.
Tous les hommes qui fréquentaient la mosquée Omari étaient des habitants du lieu, s’exprimant avec l’accent local. Évidemment, les visiteurs venus de Libye se gardèrent bien de se laisser identifier par l’ecclésiastique, ce qui les eût démasqués. Ils se contentèrent de travailler avec quelques acteurs-clés qu’ils avaient recrutés localement et mis dans le secret.
- La participation de membres locaux des Frères musulmans, qui allaient être chargés d’assister les mercenaires/terroristes libyens était un élément essentiel du plan de la CIA, plan ourdi et dirigé à partir de la Jordanie.
Le fait d’avoir obtenu l’aide et la coopération de salafistes locaux a permis aux Libyens d’entrer dans Deraa sans éveiller les soupçons. Les locaux recrutés ont servi de façade à l’opération.
- Les agents de la CIA qui la dirigeaient à partir de leurs bureaux en Jordanie avaient déjà fourni les armes et l’argent qu’il fallait pour attiser les flammes de la révolution en Syrie. Avec suffisamment d’armes et d’argent, on peut faire démarrer une révolution n’importe où dans le monde.
En réalité, le soulèvement à Deraa de mars 2011 n’a pas été déclenché comme on l’a dit par des graffitis d’adolescents, et il n’y a pas eu de parents mécontents exigeant que leurs enfants soient libérés. Cela faisait partie du script à la manière d’Hollywood concocté par d’experts agents de la CIA, qui étaient chargés d’une mission : détruire la Syrie aux fins d’y provoquer un changement de régime. Deraa n’en fut que l’Acte 1 – Scène 1.
Le fait que ces prétendus artistes adolescents du graffiti et leurs parents n’aient jamais été retrouvés, jamais nommés, et jamais photographiés est la preuve que leur identité doit rester enrobée de ténèbres.
À tout soulèvement il faut un soutien populaire. Habituellement, une situation donnée se présente et des manifestants descendent dans la rue. Les équipes de sécurité interviennent alors pour maintenir l’ordre et dégager les rues et, s’il y a « répression brutale », ceux qui seraient restés des « manifestants pacifiques » réagissent avec indignation parce qu’ils se sentent opprimés et trompés, et le nombre de gens dans les rues augmente.
C’est le moment où les manifestations de rue peuvent prendre deux directions :
- soit les manifestants reculent et rentrent à la maison,
- soit ils réagissent violemment, et à cette réaction répondra celle non moins violente des équipes de sécurité, ce qui ouvre la voie à une insurrection totale.
Dans le soulèvement organisé à Deraa, il y a eu dans la rue des acteurs locaux ignorant qu’ils participaient à une mise en scène hollywoodienne de la CIA.
- Ceux-là n’étaient que les figurants bénévoles de la séquence sur le point d’être tournée. Ces « extras » inconscients de leur rôle avaient certes des griefs, peut-être vieux d’une génération ou plus, et peut-être enracinés dans le wahhabisme, qui est une idéologie politique exportée dans le monde par le Royaume d’Arabie Saoudite, par la famille royale et ses agents à gages.
Les Libyens ont empilé des stocks d’armes dans la mosquée Omari bien avant que la moindre rumeur ne fasse état d’adolescents arrêtés pour des graffitis.
- Le religieux, malvoyant et âgé n’avait pas conscience de la situation à l’intérieur de sa mosquée ni des agents étrangers qui s’y étaient infiltrés.
Les armes sont entrées à Deraa en provenance du bureau de la CIA en Jordanie.
- Le gouvernement américain a des liens étroits avec le roi de Jordanie.
- La Jordanie est à 98% palestinienne, ce qui ne l’empêche pas d’avoir un traité de paix durable avec Israël, en dépit du fait que 5 millions de parents de familles jordaniennes se voient, en Palestine occupée, refuser toute forme de droits humains.
- Le roi de Jordanie est quotidiennement obligé de se livrer à un numéro d’équilibriste sur corde raide entre ses citoyens, la paix et la sécurité dans son pays et les intérêts ou plutôt les projets des États-Unis au Moyen-Orient.
- Le roi Abdallah doit être non seulement funambule mais aussi jongleur, et la pression qu’il subit doit peser énormément sur lui, et sur la reine Rania qui est elle-même palestinienne.
Il faut voir ces faits sur la toile de fond que constitue la République Arabe Syrienne, laquelle a depuis 40 ans pour pierre angulaire de sa politique intérieure et extérieure le principe des droits humains dus aux Palestiniens et leur droit à la liberté et à la justice.
La politique des États-Unis consistant à attaquer la Syrie pour y provoquer un changement de régime ne concerne pas seulement les gazoducs, les puits de pétrole, l’emplacement stratégique et l’or :son but est aussi de réduire en poussière cette pierre angulaire des droits des Palestiniens.
Se débarrasser du président Bachar al-Assad, c’était se débarrasser de l’un des rares dirigeants arabes dont la voix, revendiquant les droits des Palestiniens, n’a jamais faibli.
L’emplacement de Deraa directement sur la frontière jordanienne est la seule raison pour laquelle cet endroit a été choisi comme lieu de tournage du premier acte du soulèvement syrien.
Si vous demandiez à la plupart des Syriens s’ils ont jamais été à Deraa ou ont jamais eu l’intention d’y aller, ils vous répondraient : « Non ».
Deraa est une petite ville agricole insignifiante. C’est un endroit hautement improbable pour y déclencher une révolution à l’échelle nationale. Deraa a une certaine importance historique à cause de ses ruines archéologiques, mais elle n’est importante que pour les professeurs d’histoire ou les archéologues. C’est l’accès qu’elle permettait aux armes de la Jordanie qui a fait d’elle l’endroit idéal où mettre en scène le soulèvement bidon qui a fini par se transformer en guerre internationale.
Toute personne de bon sens supposerait qu’un soulèvement ou une révolution en Syrie ne peut commencer qu’à Damas ou à Alep, les deux plus grandes villes du pays.
Pourtant, en deux ans et demi de violence sur tout le territoire, la population d’Alep n’a jamais participé à l’insurrection, ni appelé à aucun changement de régime.
Alep, la grande puissance industrielle de la Syrie, ne voulait rien avoir à faire avec la mission de la CIA, et elle estimait qu’en ne participant à rien, elle pourrait être épargnée et qu’en fin de compte la violence disparaîtrait d’elle-même par manque de participation des civils. Malheureusement, la pièce ne devait pas se terminer ainsi pour Alep.
Alep, la grande puissance industrielle de la Syrie, ne voulait rien avoir à faire avec la mission de la CIA, et elle estimait qu’en ne participant à rien, elle pourrait être épargnée et qu’en fin de compte la violence disparaîtrait d’elle-même par manque de participation des civils. Malheureusement, la pièce ne devait pas se terminer ainsi pour Alep.
Soucieux de suivre leur propre scénario, les États-Unis ont soutenu une « Armée Syrienne Libre », qui provenait principalement d’Idlib et de ses environs, ; ils ont fait venir leurs partenaires étrangers, qui ont débarqué en masse dans Alep, arrivant d’Afghanistan, d’Europe, d’Australie et d’Afrique du Nord sur des vols de Turkish Airlines, avec atterrissages à Istanbul, puis transport par bus appartenant au gouvernement turc jusqu’à la zone frontière entre la Turquie et Alep.
Les billets d’avion, d’autobus, les salaires, fournitures diverses, nourriture et frais médicaux ont tous été pris en charge, en Turquie, par un envoyé de l’Arabie Saoudite.
Les armes ont été fournies dans leur totalité par les États-Unis d’Amérique, en provenance de leurs entrepôts du quai de Benghazi, en Libye, où la mission de changement de régime des USA-OTAN en Libye avait été couronnée de succès, avec l’Amérique s’emparant de tous les stocks d’armes et de biens naguère propriété du gouvernement libyen, y compris des tonnes de lingots d’or volées par le gouvernement américain à la Banque centrale de Libye.
Entrée en scène des Libyens côté cour.
- Mehdi al Harati, Libyen doté d’un passeport irlandais, reçut le commandement d’une brigade de terroristes œuvrant aux frais et sous la direction de la CIA en Libye.
- Une fois son contrat terminé là-bas, il a été transféré dans le Nord de la Syrie – région d’Idlib – qui était la base d’opérations de l’Armée Syrienne Libre financée par les États-Unis, en faveur de laquelle le sénateur républicain John McCain avait fait tant de lobbying auprès du Congrès américain, et à laquelle il avait rendu personnellement visite, entrant illégalement en Syrie sans passeport ni contrôle aux frontières.
- En Arizona, le sénateur McCain se prononce en faveur de l’expulsion de tout étranger entré illégalement aux États-Unis, mais il n’a pas eu scrupule à enfreindre lui-même le droit international et à s’introduire en Syrie, quoi qu’étranger, illégalement et sans papiers.
- Bien entendu, il était en compagnie d’amis et associés de confiance : les hommes de l’Armée Syrienne Libre, ceux-là mêmes qui ont décapité des chrétiens et des musulmans, violé des femmes et des enfants des deux sexes, vendu des jeunes filles comme esclaves sexuelles en Turquie, et mangé cru le foie d’un homme (*), toutes choses qu’ils ont fièrement filmées et téléchargées.
Auparavant, la Syrie n’avait pas de terroristes d’Al-Qaïda, et avait traversé la guerre en Irak voisin sans autre dommage que de recevoir et d’accepter 2 millions d’Irakiens réfugiés.
Peu de temps avant que le soulèvement mis en scène à Deraa ne commence, Brad Pitt et Angelina Jolie avaient été à Damas les hôtes du Président et de la Première Dame. Pitt et Jolie étaient venus pour visiter et apporter leur soutien aux réfugiés de guerre irakiens. Et Brad Pitt avait été stupéfait d’être piloté personnellement par le président syrien, sans gardes du corps ou équipe de sécurité. Pitt et Jolie étaient habitués à leur propre équipe de sécurité lourde, sans laquelle ils ne se déplacent pas aux États-Unis. Mais le président Assad leur avait expliqué que sa femme et lui se sentaient en sécurité et parfaitement à l’aise dans les rues de Damas. Et il est indéniable que l’association des agences de voyages françaises considéraient alors la Syrie comme la destination touristique la plus sûre de toute la région méditerranéenne, c’est-à-dire également plus sûre que la France elle-même.
Cependant, la stratégie américaine était de créer un « nouveau Moyen-Orient », qui allait faire disparaître toute sécurité en Syrie aux moyens de la tornade qui s’approchait, aussi appelée « vents du changement ».
La Tunisie, la Libye, l’Égypte et la Syrie devaient être les sentiers d’accès au jardin du « printemps arabe ».
Mais la mission syrienne n’a pas suivi le script. Elle a dépassé ses délais et son budget. Le générique de fin doit encore être déroulé, et le rideau tomber sur le spectacle.
On ne peut pas sous-estimer le rôle que les médias de masse ont joué dans la destruction de la Syrie.
- Par exemple, Rula Amin d’Al Jazeera est venue à Deraa et a personnellement interviewé l’imam Sayasneh, à la mosquée Omari. Al Jazeera est un média appartenant à l’État, qui l’exploite pour le prince du Qatar. Le prince du Qatar a été l’un des principaux bailleurs de fonds des terroristes qui ont attaqué la Syrie.
- Les États-Unis fournissaient les armes, l’approvisionnement et les images militaires par satellites,mais l’argent pour la paie, les pots de vin en Turquie, et toutes les dépenses nécessitant de l’argent liquide étaient payées par le prince du Qatar et le roi d’Arabie Saoudite, qui jouaient leurs rôles d’alliés les plus proches des États-Unis au Moyen-Orient.
Ce fut une co-production entre, principalement, les États-Unis, l’UE, l’OTAN, la Turquie, la Jordanie, Israël et les monarchies arabes du Golfe Persique, au premier rang desquelles l’Arabie Saoudite et le Qatar.
La CIA n’a pas de problèmes de conscience avec ses interventions secrètes dans des pays souverains, ni même avec les agressions pures et simples à grande échelle, mais il importe que le financement soit à la charge d’un pays étranger,
- parce que les électeurs américains se fichent bien de tuer des gens en Syrie,
- mais ils ne se fichent pas du tout d’avoir à payer pour le faire.
Tant que les Arabes ont payé pour l’entreprise, ç’a été OK pour M. Toulemonde, qui, de toute façon, n’était sans doute pas capable de trouver la Syrie sur une carte.
- Pour soutenir de leur côté l’entreprise, Rula Amin et d’autres membres du personnel d’Al Jazeera, CNN, la BBC et France24 ont tous commencé une campagne de propagande politique délibérée contre le gouvernement syrien et le peuple syrien qui souffraient de la mort et de la destruction provoquées par les terroristes se faisant passer pour les acteurs d’un soulèvement local.
- Certains jours, les scripts étaient tellement identiques qu’on aurait pu les croire écrits dans une seule et même chambre d’hôtel n’importe où.
- Et firent leur apparition sur la scène les vedettes des médias en ligne :
- Robert Fisk, de son poste d’observation à Beyrouth
- Joshua Landis de son perchoir dans l’Oklahoma.
- Ces deux hommes, physiquement si éloignés des événements réels, prétendaient savoir tout ce qui se passait en Syrie.
Les lecteurs britanniques et américains étaient influencés par leurs explications délibérément partiales, tandis que les Syriens réels vivant en Syrie qui les lisaient en anglais en ligne tombaient des nues.
- Les Syriens se demandaient comment des écrivains occidentaux pouvaient prendre parti pour des terroristes qui étaient des étrangers, des adeptes d’un l’Islam extrémiste et qui attaquaient tout civil non armé coupable de vouloir défendre sa maison et sa famille.
- Les médias peignaient les terroristes comme des combattants de la liberté et des héros de la démocratie, alors qu’ils étaient en train de violer, de piller, de mutiler, d’enlever contre rançon et de massacrer des civils désarmés à qui on n’avait pas donné le script à lire avant que la fusillade commence à Deraa.
Ce qu’on en a vu, c’est une bande-annonce mondiale, qui n’a été en fait qu’une vidéo à petit budget pour téléphone portable, mais qui est devenue virale sur toute la toile, et qu’on a vendue aux téléspectateurs comme une lutte dramatique, dans un pays appelé la Syrie, pour la liberté, la justice et le modèle américain.
- Dès le début, Al Jazeera et tout le reste des médias payaient 100 $ n’importe quel clip vidéo d’amateur filmé en Syrie.
- Une nouvelle industrie artisanale est apparue dans le pays, avec des quantités de metteurs en scène et d’acteurs avides d’honneurs et de gloire.
- Jamais la question de leur authenticité n’a été soulevée.
- Les médias ne voulaient rien d’autre qu’un contenu qui soutînt leur campagne de propagande en Syrie.
Deraa a été le premier acte d’une épopée tragique qui n’est pas encore terminée. Le prêtre qui a joué un rôle de premier plan dans la scène d’ouverture, Sheikh Sayasneh, a été placé en résidence surveillée, puis il a été extradé clandestinement vers Amman, en Jordanie. C’était en Janvier 2012. Il donne maintenant des conférences en Amérique près de Washington, DC. Tout comme les aspirants acteurs trouvent généralement le chemin d’Hollywood, qui est la Mecque de l’industrie du cinéma, Sheikh Sayasneh a trouvé son chemin vers la Mecque de tous les projets de changement de régime.
Par Steven Sahiounie | American Herald Tribune | 10 Août 2016
Article original: THE DAY BEFORE DERAA: HOW THE WAR BROKE OUT IN SYRIA
Traduit par Claude et Catherine pour Arrêt sur Info
(*) http://arretsurinfo.ch/video-un-terroriste-de-lasl-mange-le-coeur-dun-syrien-reprise/
–http://www.silviacattori.net/article5666
–http://www.silviacattori.net/article4437.html
–http://www.silviacattori.net/article4872.html[
Source:http://arretsurinfo.ch/le-jour-avant-deraa-comment-la-guerre-a-eclate-en-syri-la-veritable-histoire/
Article original: THE DAY BEFORE DERAA: HOW THE WAR BROKE OUT IN SYRIA
Traduit par Claude et Catherine pour Arrêt sur Info
(*) http://arretsurinfo.ch/video-un-terroriste-de-lasl-mange-le-coeur-dun-syrien-reprise/
–http://www.silviacattori.net/article5666
–http://www.silviacattori.net/article4437.html
–http://www.silviacattori.net/article4872.html[
Source:http://arretsurinfo.ch/le-jour-avant-deraa-comment-la-guerre-a-eclate-en-syri-la-veritable-histoire/
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Arrêt sur Info se dégage de toute responsabilité concernant des erreurs ou informations incorrectes ou inexactes.
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Mots clé:
Al-Jazeera, Alep, Assad, CIA, Deraa, Jordanie, Manipulation politique, Mehdi al Harati, Mosquée Omari, Rula Amin, Sheikh Ahmad al Sayasneh, Stratégie de la tension, Terrorisme
Al-Jazeera, Alep, Assad, CIA, Deraa, Jordanie, Manipulation politique, Mehdi al Harati, Mosquée Omari, Rula Amin, Sheikh Ahmad al Sayasneh, Stratégie de la tension, Terrorisme
Début de la guerre en Syrie:
https://sansapriori.net/2016/08/26/1099-comment-la-guerre-a-eclate-en-syrie-la-veritable-histoire-le-jour-avant-deraa/
Janvier 2017, la presse occidentale commencerait-elle à reconnaitre ses erreurs, du moins pour Alep?...
http://www.lalibre.be/actu/international/alep-ou-le-recit-fictionnel-s-est-fracasse-contre-la-realite-5884e206cd70e747fb512522#.WIZwPznmO_t.facebook
http://www.lalibre.be/actu/international/alep-ou-le-recit-fictionnel-s-est-fracasse-contre-la-realite-5884e206cd70e747fb512522#.WIZwPznmO_t.facebook
" La récupération de la totalité d’Alep par l’Etat syrien, fin décembre, constitue un tournant dans la guerre en Syrie. Pas seulement sur le plan militaire, mais au niveau du récit médiatique.
Il est grand temps de regarder la réalité en face. Il y a eu, de la part d’un groupe d’Etats aux systèmes de valeurs opposés, une manipulation de l’information, et une présentation des réalités dans un récit destiné à servir leurs intérêts et leurs stratégies. Comme toutes les manœuvres déployées dans ce cas de figure, les outils classiques de la propagande ont été mobilisés et notamment la désinformation, la diabolisation et les clichés manichéens. Les groupes terroristes affiliés à Daech et Al Nosra (aujourd’hui Fateh Al Cham, soit Al Qaïda, Ndlr), ainsi que leurs clones ont été présentés comme de sympathiques "insurgés" et comme des "rebelles". Sans oublier l’occultation de l’identité de leurs parrains et de leurs commanditaires. Une formidable machine agissant comme un rouleau compresseur a été mise au service de cette stratégie. L’apogée de ces artifices a accompagné la bataille de libération des quartiers de la ville d’Alep tenus depuis 2012 par Al Nosra et ses clones sous la direction de QG où opéraient des officiers appartenant aux services de divers pays, limitrophes ou non, selon le dispositif de "leading from behind", le "commandement en retrait". Le cas des "casques blancs", avec leur visage de Janus, à la fois figures virtuelles de l’humanitaire médiatisé et combattants d’Al Nosra organisés par un ancien membre des services britanniques, en a été un exemple caricatural. Aujourd’hui le récit fictionnel s’est littéralement fracassé contre le réel.
Selon vous, les médias ont été enrôlés dans la guerre ?
C’est l’évidence. Et ce n’est pas nouveau. Souvenez-vous que lors de la guerre d’invasion de l’Irak. Le Pentagone a inventé une nouvelle forme de journalisme, le journalisme "embedded", c’est-à-dire "embarqué". Embarqué dans quoi ? Dans le même véhicule que le soldat, et dans la narration autorisée de l’événement. Comment un journaliste mis dans une telle "position" pourrait-il adopter une autre posture que d’empathie avec le militaire risquant sa vie et, dès lors, inscrire son récit dans une dimension autre que celle voulue par la stratégie politico-militaire ? Ce n’est plus là du journalisme. "
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L'idéologie wahhabite a été propagée par l'Arabie Saoudite à la demande de ses alliés occidentaux.
"Le financement du wahhabisme [...] prov[enait] aujourd’hui en grande partie de fondations saoudiennes, et non du gouvernement". Donc, face à ce qui est devenu une évidence, ce faux cul blanchit tant les occidentaux d'aujourd'hui (c'était pendant la guerre froide) que sa propre dynastie!...
Dans une interview au Washington Post, le prince héritier Mohamed ben Salmane a déclaré que l'Arabie saoudite avait commencé à propager l'idéologie wahhabite à la demande de ses alliés occidentaux, pendant la guerre froide, pour contrer l'URSS.
Une déclaration du prince héritier d’Arabie saoudite Mohammed ben Salmane (surnommé «MBS») publiée par le Washington Post le 22 mars et passée, semble-t-il, inaperçue dans les médias francophones, fait office d’aveu. En effet, le prince héritier saoudien a assuré que l’idéologie wahhabite avait été propagée au cours de la seconde moitié du XXe siècle par Riyad à la demande des alliés occidentaux du royaume, dans le but de contrer l’influence de l’Union soviétique dans les pays musulmans.
Le 26 novembre, l'Arabie saoudite a scellé la création d'une coalition antiterroriste composée de pays musulmans. L'Iran, la Syrie ou l'Irak n'en font pas partie L'Arabie saoudite lance une coalition antiterroriste de pays musulmans... sans la Syrie ni l'Irak
En visite diplomatique aux Etats-Unis, «MBS» s’est exprimé lors d'une rencontre avec des membres de la rédaction du Washington Post. Bien que cette réunion ait été tenue secrète dans un premier temps, l'ambassade saoudienne a par la suite autorisé le célèbre journal américain à publier des extraits spécifiques des propos tenus par le prince héritier. Ainsi, le journal relate des déclarations de Mohamed ben Salmane sur différents dossiers, dont sa relation avec Jared Kushner, le gendre de Donald Trump et conseiller de la Maison Blanche, ses réformes internes au royaume, la guerre au Yémen ou encore le conflit israélo-palestinien.
Interrogé sur la propagation du wahhabisme, idéologie islamiste rigoriste née en Arabie saoudite et parfois accusée par la presse et des responsables politiques en Occident d'être une source du terrorisme islamiste, le prince héritier a déclaré que les investissements saoudiens dans les mosquées et écoles islamiques à l'étranger trouvaient leur origine dans le contexte de la guerre froide. Le prince héritier a expliqué que, à cette époque, les alliés occidentaux de Riyad avaient demandé à l'Arabie saoudite d'utiliser ses ressources afin d'empêcher l’Union soviétique de «conquérir le monde musulman ou d’y acquérir de l’influence».
Une révélation tardive du rôle de l'Occident dans la propagation du wahhabisme
Interrogé par RT France, Pierre Conesa, historien français, auteur du livre Dr. Saoud et Mr. Djihad, qualifie cette révélation de «tardive». Pour ce spécialiste en stratégies politiques internationales, cette révélation permet au prince héritier de «se décharger d’une partie de sa responsabilité sur le financement du terrorisme».
Dans un article publié dans le Monde Diplomatique de juin-juillet 2016, intitulé «Un demi-siècle de diplomatie wahhabite», Pierre Conesa expliquait déjà que la politique étrangère du royaume saoudien avait été anticommuniste durant la guerre froide et opposait le panislamisme au panarabisme socialisant de Gamal Abdel Nasser, dirigeant égyptien de 1954 à 1970. Cette politique était largement soutenue par les Occidentaux et notamment les Américains. «L’adage très répandu pendant la guerre froide selon lequel "l’ennemi de notre ennemi est notre ami" empêche alors [les Occidentaux] de voir que le royaume wahhabite a son propre programme », ajoute l’historien. Une véritable industrie «théo-idéologique» qui «emprunte au soft power américain et à la propagande soviétique» se met alors au service du wahhabisme.
Un système de promotion mondiale de l'islam rigoriste
Depuis Riyad, Donald Trump appelle tous les pays à «isoler» l'Iran
Plus de deux décennies après la fin de la Guerre Froide, WikiLeaks publie plus de 60 000 documents diplomatiques saoudiens. Ces «câbles» mettent en lumière le système de prosélytisme et de promotion d’une lecture rigoriste de l'islam appliqué par le royaume wahhabite au niveau international. «Depuis des dizaines d’années, l’Arabie Saoudite injecte des milliards de pétrodollars dans des organisations islamiques à travers le monde, pratiquant une diplomatie du chéquier», révèle le journal américain New York Times, en juillet 2015, après avoir épluché tous les documents diplomatiques mis à jour par WikiLeaks.
«Quand après les attentats du 11 septembre 2001, alors que 15 des terroristes étaient saoudiens, George W.Bush désigne l’Afghanistan et l’Irak comme les ennemis des Etats-Unis, on comprend que l’Arabie est un bon client qu’il ne faut pas contrarier », analyse encore Pierre Conesa. Pour l’historien, la situation est similaire aujourd’hui, quand «Donald Trump annonce depuis Riyad que c’est l’Iran qui est la cause du terrorisme».
Riyad ne semble toutefois plus assumer son rôle d'exportateur global du wahabisme. Aux journalistes du Washington Post, Mohammed Ben Salmane a en effet confié que les gouvernements saoudiens successifs «s[’étaient] fourvoyés sur de fausses pistes» et qu’il était temps désormais que «les choses reviennent à la normale», en ce qui concerne notamment le financement du wahhabisme. Il a assuré que ce «financement prov[enait] aujourd’hui en grande partie de fondations saoudiennes, et non du gouvernement». De manière on ne peut plus claire, le prince héritier Mohammed ben Salmane entend donc séduire ses partenaires occidentaux. L’accueil que lui a réservé Donald Trump au premier jour de son voyage à Washington semble démontrer que cette offensive de charme fonctionne à merveille.